Si le terme Pop Art est aujourd'hui largement diffusé, en revanche le champ artistique qu'il désigne ainsi que la problématique qu'il soulève restent souvent méconnus.
Le Pop Art anglais désigne un groupe d’artistes qui se manifeste à partir de la moitié des années 50. Son identité se construit autour du cercle intellectuel l’Independent Group. Constitué des peintres Eduardo Paolozzi et Richard Hamilton, du couple d’architectes Alison et Peter Smithson, du critique d’art Lawrence Alloway, l’IG a essentiellement centré sa recherche théorique sur la technologie, d’où la référence récurrente du Pop Art anglais à la science-fiction.
Sans communication explicite avec le Pop Art anglais, le Pop Art américain désigne une tendance née d’initiatives individuelles. S’il n’est pas un mouvement structuré au sens d’un groupe qui organise des manifestations collectives, il a néanmoins une cohérence. Globalement issu du travail de Robert Rauschenberg et surtout de Jasper Johns, il se caractérise par un intérêt pour les objets ordinaires, l'ironie, ainsi que par la confiance en la puissance des images. Le foyer du Pop Art américain est localisé à New York, où exposent tout d’abord des artistes comme Claes Oldenburg et Jim Dine, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, puis James Rosenquist, George Segal, et Tom Wesselman.
Au-delà de leur divergence généalogique, Pop Art anglais et Pop Art américain se retrouvent sur le terrain d’un postulat commun exprimé par le terme même de Pop Art. Inventé par Lawrence Alloway à la fin des années cinquante, ce terme indique que l’art prend appui sur la culture populaire de son temps, lui empruntant sa foi dans le pouvoir des images. Mais, si le Pop Art cite une culture propre à la société de consommation, c’est sur le mode de l’ironie, comme le donne à entendre la définition du peintre anglais Hamilton de sa production artistique : « Populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, spirituel, sexy, plein d’astuces, fascinant et qui rapporte gros. »
Cependant, cette référence à la culture populaire n'est pas sans faire question. Jusqu’à quel point le Pop Art peut-il la citer sans se confondre avec elle ? Si chaque artiste apporte singulièrement sa réponse, il apparaît que Pop Art et « Culture Pop » ne se confondent pas, qu’ils entretiennent un rapport dialectique. Car si le Pop Art emprunte ses matériaux à la culture de masse, celle-ci en retour profite de ses innovations stylistiques.
La tendance Pop prend dès le début des années 60 jusqu’en 1970 une dimension pluridisciplinaire et internationale qui se manifeste principalement à travers le design italien (par exemple le célèbre fauteuil Sacco, 1968, de Piero Gatti qui rappelle les objets mous de Claes Oldenburg) et les architectures utopiques du groupe Archigram (comme Walking City, 1964, imaginée par Ron Herron) issues de l’univers futuriste de la bande dessinée.
À partir des années 70, les artistes se tourneront vers des préoccupations beaucoup plus contestataires.
Né à Stockolm en 1929, Claes Oldenburg est un des représentants majeurs du Pop'Art. Il effectue des études à Yale et à l'Art Institut de Chicago. Son arrivée à New York City en 1956 représente un tournant décisif dans son œuvre : marqué par le spectacle de la rue, de la foule, des graffiti, il organise avec Dine, Samaras et Kaprow les premiers happenings, à la Judson Gallery. Dans la lignée de l'art brut défendu par Jean Dubuffet, il commence à exposer des sculptures faites de papier mâché ou de carton et inspirées par l'environnement urbain. Le réalisme des objets (tube de dentifrice, cake, interrupteur...) est contrebalancé par leur matériau (mousses, résines, plastique « fourrés » afin de donner un aspect gonflé ou dégonflé) et leurs proportions démesurées.
Oldenburg s'empare des objets domestiques les plus quotidiens pour les transformer, les monumentaliser et les associer en d'étranges rencontres. Ce serait en termes de sculpture le mariage d'un monstrueux parapluie avec une colossale machine à coudre sur une table de dissection en vinyl. Depuis 1965, Oldenburg conçoit des œuvres-monuments aux dimensions non plus de la galerie mais de l'espace urbain.
Les créations de Claes Oldenburg illustrent l’inconstance et la vulgarité (au sens de "populaire", "commun") des valeurs de la vie américaine. Il travaille sur la nourriture pour se rapprocher de la rue. Il crée notamment ce hamburger géant, posé à même le sol, en 1962 :
Claes Oldenburg est l'un des artistes américains les plus populaires. Il a développé son travail durant les années 60 dans la mouvance du Pop'Art, et continue depuis d'exercer une influence dynamique sur l'art contemporain. Connu pour transformer les objets du quotidien dans ses sculptures molles, ou ses monuments géants par la vertu desquels le plus banal devient extraordinaire et prend un statut artistique.
Il est de ceux qui s'emploient à "combler la brèche entre l'art et la vie", selon le principe énoncé par Robert Rauschenberg. Pour l'essentiel ses sujets sont tirés de la vie quotidienne et des rues New-Yorkaises. Dans un premier temps, il utilise du carton ondulé, des papiers journaux et des objets trouvés peints. Il est fasciné par le contraste entre les vitrines rutilantes et les détritus, et ce que ces éléments de la vie urbaine révèlent de désirs, liés à la consommation.
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