Mercredi 23 mars 2022, une animation départementale consacrée aux musiques de films a été proposée aux collègues.
Voici un lien pour télécharger le diaporama projeté lors de l’animation.
Ici, vous trouverez le texte de l’animation. Les mots roses soulignés ont des liens hypertexte qui emmènent directement vers des vidéos de films ou de musiques.
Introduction : BLONDIN !
Mon parti pris : J’ai choisi des films dont le sujet n’est pas la musique !
Avertissement : Vous verrez que certains noms reviennent fréquemment, que certains titres reviennent plusieurs fois. Effectivement, certains compositeurs ont marqué d’une empreinte très forte le monde de la musique de film et certains films ont marqué l’histoire du cinéma et notamment par les rapports complexes que la musique entretien avec le septième art. Ce sera l’objet de notre deuxième partie.
Première partie
Pourquoi écouter, utiliser ou faire de la musique de film à l’école ?
- La musique de film est un genre à la fois spécifique et abordant tous les styles Elle s’intègre à une culture générale, comme la musique classique et tous les autres styles musicaux. Les noms de Jerry Goldsmith ou celui de Michel Legrand sont à mettre sur le même plan que celui des compositeurs classiques.
- Le cinéma est le refuge de la musique instrumentale et orchestrale, alors que la plupart des gens n’écoutent que des chansons. On y trouve des partitions pouvant se raccrocher à toutes les époques, toutes les cultures et tous les styles. On a d’ailleurs tort de penser que les élèves n’ont des lacunes qu’en « classique », ils ont des lacunes dans tous les genres. Et tous les genres sont respectables. D’ailleurs, dans les écoles artistiques étrangères, il n’y a pas de distinctions entre musiques « nobles » et non noble, comme on peut le ressentir chez nous dans certains conservatoires.
- Bien sûr, la musique de film s’intègre au programme d’éducation artistique mais elle peut être abordée sous différents angles : la pure écoute, l’utilisation pour l’illustration d’un conte, d’un album, d’un projet vidéo … Elle s’intègre transversalement à tous les apprentissages de l’école.
- Enfin, les différents thèmes, dont certains très connus des enfants, peuvent servir de base à un travail instrumental ou choral. Exemple : le thème bien connu de la chouette « Hedwig » de John Williams.
- La musique de film, pourquoi faire ? Utilisation dans un spectacle de fin d’année, utilisation dans les séances d’écoute musicale, dans les séances d’expression corporelle, danse…
- C’est un inducteur pour un projet d’écriture, art plastique, théâtre…
- Il permet d’illustrer un projet artistique ou littéraire : quelle musique va-t-on choisir pour illustrer ce travail…
Deuxième partie
Quels sont les rapports entre langage musical et langage cinématographique ?
Le langage cinématographique est assez spécifique dans le sens ou la musique doit illustrer une scène (comme dans la scène muette de « Rio Bravo », musique de Dimitri Tiomkin, et c’est d’ailleurs le cas pour tous les films muets, de la période burlesque jusqu’à « The artist », oscar de la meilleure musique de film pour Ludovic Bource en 2012 !
Un lieu, comme dans « Out of Africa » musique de John Barry, comme dans « AIRPORT », musique d’Alfred Newman… ou comme dans « TOP GUN » !
Un objet, comme dans « L’aventure du posséïdon », musique de John Williams.
Une action, comme dans la scène de « montage » de « Rocky », musique de Bill Conti, comme dans « Dernier domicile connu », musique de François de ROUBAIX.
Une ambiance générale, comme dans « L’héritier » musique de Michel Colombier, comme dans « Peur sur la ville » d’Ennio Morricone, comme dans « Lost in translation » de Sofia Coppola qui met en valeur la ville de Tokyo.
Un sentiment, une émotion : quelle musique décrit mieux la nostalgie d’un personnage que celle du film « Il était une fois en Amérique », musique d’Ennio Morricone ? Quelle musique traduit mieux la peur que celle du film « Le jour où la Terre s’arrêta », quand le robot géant GORT apparaît sur la musique de Bernard Herrmann ou celle du film « Les oiseaux » ou celle du film « Psychose » du même auteur ?
Un personnage, comme dans la franchise James Bond, musique de John Barry, comme dans « Les ripoux », musique de Francis Lai, scène de l’arrivée en train de Thierry Lhermitte, comme dans « Laura », comme dans « Superman », musique de John Williams, comme dans « Capitaine Sky et le monde de demain », musique d’Edward Shearmur, « Wonder Woman 1984 », musique de Hans Zimmer. L’exemple que j’ai choisi est moins connu, il est tiré du générique du film die Welle et met en valeur le personnage du professeur.
Des objets/personnages, comme dans CAPRICORN ONE notamment la scène de chasse avec les 2 hélicoptères, portée par la musique de Jerry Goldsmith.
Comme la musique « classique », les musiques de film abordent absolument tous les styles, notamment d’un point de vue chronologique.
Musique « antique » dans les péplums, comme dans « Les dix commandements », qui met en scène de façon spectaculaire le personnage de MOISE porté par la musique d’Elmer Bernstein.
Musique « médiévale », comme le « Robin des bois » de 1938, soutenu par la musique d’Erich Wolfgang Korngold. Un autre exemple plus proche du style de l’époque est donné dans le film « Le nom de la rose », dont la musique est signée James Horner.
La musique « classique » est très présente au cinéma, comme dans « Barry Lyndon » de Stanley Kubrick dont la B.O est entièrement puisée dans le répertoire classique, par exemple avec cette « sarabande » de Haendel.
La musique contemporaine est très présente au cinéma, notamment parce que ce dernier apparait simultanément que ce nouveau courant musical. On peut entendre énormément de partitions dans ce style dès la naissance du cinéma parlant mais j’ai choisi comme exemple le film « Le voyage fantastique », dont la musique a été composée par Léonard Rosenman et qui raconte l’exploration du corps humain par un sous-marin miniature, le PROTEUS.
On peut même entendre une musique « extra-terrestre », dans le film « Planète interdite », dont les effets électroniques ont été inventés avant l’apparition des synthétiseurs proprement dit par Louis et Bebe Barron. Ce film, inspiré de « La tempête » de Shakespeare, raconte l’histoire du professeur MORBIUS et d’une civilisation extra-terrestre disparue sur la planète Altaïr 4.
Tous les styles contemporains ont été utilisés au cinéma :
Le jazz, objet du tout premier film parlant mais aussi de la plupart des films de Woody Allen : « Radio days », « Hannah et ses sœurs » qui raconte l’histoire d’amour entre Lee and Elliott. On pourrait également citer « Tucker » de F.F. Coppola, ou bien « Quand Harry rencontre Sally ».
Le disco, comme dans « Saturday night fever », qui met pour la première fois en valeur John TRAVOLTA, ainsi que les chansons des Bee Gees composées dans ce style.
Le rock, comme dans « American Graffiti » de George Lucas. Pour paraphraser McFly, voici un exemple de bon vieux rock bien rétro.
La pop a envahi bon nombre de productions au détriment des compositeurs spécifiques, comme dans « Le journal de Bridget Jones ». Voici un exemple plus ancien pris dans le générique du film « Le cerveau », composé par l’immense Georges Delerue. La chanson s’appelle évidemment « THE BRAIN ».
La musique électronique est également présente pour la même raison que la musique contemporaine. Elle peut se faire discrète par l’utilisation d’un seul instrument électronique au milieu de la masse orchestrale classique ou prendre le devant de la scène, comme dans « Le jour où la Terre s’arrêta » dont la musique est signée Bernard Herrmann, comme dans « Midnight Express », dont Giorgio Moroder a assuré le succès, et bien sûr « Blade Runner », avec une musique de Vangelis qui raconte la chasse au Réplicants menée par DECKARD, interprété par Harrison Ford.
Le rap est présent comme dans « TAXI », musique de I.A.M.
Dans certains films, la musique est utilisée d’une manière plurielle, différente, parodique ou parallèle.
Dans « Forrest Gump », la musique suit un ordre chronologique, celui de la vie du personnage principal : rock n’roll, protest songs, disco … Dans ce cas, la musique est aussi utilisée comme repère afin de situer l’histoire dans le temps. D’ailleurs, la B.O. à proprement parler est essentiellement concentrée à la fin du film avec la mort de la mère de Forrest Gump, musique d’Alan Silvestri.
Dans « Les tontons flingueurs », musique de Michel Magne, les mêmes notes sont utilisées tout au long du film, arrangées différemment, dans des styles musicaux différents : classique, twist, musique religieuse …
Dans « La folie des grandeurs », la musique est en contradiction avec l’image puisque le film se passe en Espagne, à la fin du XVIIème siècle et que Michel Polnareff a composé, sur certaines scènes une musique correspondant à un western.
D’une certaine manière, c’est aussi le cas pour « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola, même si l’intention n’est pas la même. Il s’agissait ici de moderniser le personnage et l’intrigue par des musiques actuelles et notamment celle de SIOUXSIE and the Banshees, afin de rendre le personnage plus proche de notre époque et ainsi amener une certaine empathie pour le personnage. Une musique plus classique aurait donner une image plus « princesse » et « ancienne » de son personnage alors que les musiques choisies permettent de simplement comprendre que la reine était une jeune femme exilée dans un autre pays et mariée de force à un inconnu.
Le timing est lui aussi spécifique, l’alternance des scènes oblige parfois à alterner brusquement les parties jouées. Le montage du film ne rend pas toujours justice au compositeur. C’est pourquoi il arrive que le compositeur réécrive sa musique pour le disque ou pour un concert.
Dans la scène du cimetière dans « Le bon, la brute et le truand », musique d’Ennio Morricone, montage et musique se soutiennent de manière parfaite.
La scène du jeu d’échec dans « l’affaire Thomas Crown », musique de Michel Legrand, a posé beaucoup de problèmes de montage au réalisateur. Finalement, c’est Michel Legrand lui-même qui a fait le montage des images sur la musique et non pas le contraire comme cela arrive le plus souvent.
La scène d’inspection de l’USS ENTERPRISE dans « Star Trek, the movie », musique de Jerry Goldsmith, est totalement en dehors de l’action du film. C’est une pure contemplation, un moment hors du temps, hors du timing habituel du cinéma, surtout de nos jours.
La bande originale participe totalement de l’action, mais de différentes manières.
Elle peut la renforcer, comme dans « Les 7 mercenaires », où la musique d’Elmer Bernstein transforme une simple promenade à cheval en monument du cinéma. On pourrait multiplier les exemples avec « Vertigo », ou « Psychose », films magnifiés par la musique du génial Bernard Hermann. Plus proche de nous, les B.O signées Vladimir Cosma, comme le thème principal de « L’as des as » pour ne citer que celui-là et qui reflète parfaitement la notion de musique dite « empathique ».
Au contraire, elle peut en diminuer l’impact par une sorte de contrepoint, comme dans « Dirty Harry » où la tension liée au personnage du tueur en série scorpio est contrebalancée à certains moments par la musique très funky du compositeur Lalo Schiffrin.
La musique souligne un climat demandé par le réalisateur (comme il le demande au chef opérateur). Prenons comme exemple, parmi tant d’autres possibles celui de la musique du film « French Connection », composée par Don Ellis et qui raconte la lutte contre le trafic de drogue par POPEYE incarné à l’écran par l’extraordinaire Gene Hackman.
Quelle musique résume mieux tout l’esprit d’un film (voir même le sauve du naufrage et de l’oubli !) que le générique du film « Easy Rider » grâce notamment à la chanson Born to be wild.
Mais elle peut aussi entrer en contradiction avec l’ambiance ou l’action de la scène filmée, comme dans « CASINO » de Martin Scorsese, ou comme dans les films de Quentin Tarantino. Dans ce cas, on parle de musique « anempathique ».
Le cinéma entretient le même rapport à la musique que l’opéra. Il y a un livret (un scénario, des dialogues …), une dimension théâtrale (le jeu des acteurs, la mise en scène…) et une dimension musicale plus ou moins importante (moindre dans l’opéra bouffe).
La dimension « opéra » est tellement importante dans le cinéma que certains réalisateurs, voulant retrouver un certain réalisme et un nouveau langage ont décidé de supprimer tout ce qui était extradiégétique, et en premier lieu la musique (voir Dogme95, présenté officiellement à Paris le 20 mars 1995 par les cinéastes danois Lars von Trier et Thomas Vinterberg).
Certains réalisateurs, notamment dans les films et les séries actuelles ont une vision plus modeste et en retrait de la musique de film. Ils demandent expressément au compositeur de faire « un papier peint », c’est-à-dire une musique présente mais décorative, secondaire, figurative, en arrière-plan … Sans doute parce qu’on ne sait pas quel serait l’effet sur le spectateur s’il n’y en avait pas du tout.
Mais, enlever la musique sert aussi le film, comme dans la poursuite automobile de « Bullit », incarné à l’écran par Steve McQueen et mis en valeur encore une fois par la musique de Lalo Schiffrin. Le silence ainsi créé permet au spectateur de se concentrer sur le suspens, comme dans « Jurassic Park », musique de John Williams.
Dans certains grands films, il y a même une introduction et un entracte, comme dans « Cléopâtre », musique signée Alex North ou dans le film « Ice Station Zebra », dont nous allons entendre l’ouverture écrite par Michel Legrand.
Comme pour certains opéras (Verdi, Puccini, Bizet), certaines musiques de films sont plus connues que le film lui-même. C’est par exemple le cas pour le film « Mon nom est personne », musique d’Ennio Morricone, ou la scène d’ouverture du film « Le mépris », musique de George Delerue, ou la chanson du film « un homme et une femme » de Francis Lai. C’est parti pour plusieurs minutes de « chabadabada » !
Cette dimension « opéra » est tellement importante que l’idée en est venue à Jacques Demy et Michel Legrand de faire une comédie musicale entièrement chantée. Il s’agit du film « Les parapluies de Cherbourg ». Mais, les comédies musicales n’étant pas au programme de cette formation, je ne m’attarde pas sur ce sujet.
Le monde de la musique classique et celui de la musique de film ne sont pas étanches. Que ce soit les compositeurs, les techniques, les styles et les influences, les allers-retours sont nombreux.
La musique classique est parfois utilisée telle quelle dans les films : Piotr Ilitch Tchaïkovski dans « les 3 mousquetaires », Richard Wagner dans « le crépuscule des dieux », Richard Strauss dans « 2001, l’odyssée de l’espace », Hector Berlioz dont le FAUST est utilisé dans une célèbre scène de « La grande vadrouille », Beethoven dans « Soleil vert », Schubert (entre autres) dans « Barry Lyndon ».
Comme les auteurs classiques, les compositeurs spécialisés dans le cinéma dirigent leurs œuvres dans les plus grandes salles et avec les plus grands orchestres, par exemple « the London Symphony Orchestra ». Ils composent aussi spécifiquement pour les salles de concert. Les musiciens du vingtième siècle ont très vite saisi le nouvel outil qu’est le cinéma pour s’exprimer comme Georges Auric, Erich Wolfgang Korngold…
Les musiques « à programme » et les poèmes symphoniques, notamment au XIXème siècle se rapprochent cependant du langage cinématographique. Pour se rapprocher du langage purement orchestral, les compositeurs réécrivent parfois leurs partitions sous forme de « suites orchestrales » afin de se détacher des contraintes du cinéma. Petit exemple ici avec cette version « live » dirigée par Vladimir Cosma
Les influences classiques sont nombreuses, évidentes ou subtiles, avouées ou dissimulées dans les compositions cinématographiques. Que serait « Star wars » sans « les planètes » de Gustav Holst et notamment la partie appelée « MARS » ? Que serait « E.T » sans « Daphnis et Chloé » de Maurice Ravel ? Que serait « Mort à Venise » sans l’adagietto de la cinquième symphonie de Gustav Mahler ?
Je ne voudrais pas être désagréable mais « il font rien qu’à copier » les compositeurs de cinéma ! On pourrait prendre notamment pour exemple le film « l’étoffe des héros », musique de Bill Conti … et de Tchaïkovski !
Aujourd’hui, on peut dire que le patrimoine cinématographique est suffisamment important tant en quantité qu’en terme d’influence culturelle pour que celui-ci puisse à son tour influencer les compositeurs contemporains. Par exemple Malcolm Arnold : compositeur du « Pont de la rivière Kwaï » est également l’auteur de nombreuses symphonies et du concerto pour 2 pianos (3 mains). On peut aussi parler de Philip Glass et notamment son quatuor à cordes n°3, issu directement de sa composition pour le film MISHIMA.
Aujourd’hui, la plupart des élèves des conservatoires travaillent autant sur des partitions « classiques » que sur des partitions écrites pour des films. C’est le cas notamment pour « la valse d’Amélie Poulain » (ici interprétée par le concertiste LangLang) de Yann Tiersen, ou « Harry Potter » de John Williams.
Toutes les cultures et tous les continents sont également évoqués avec plus ou moins de véracités (ou simplement quelques clichés, instruments, rythmes …)
L’Asie, comme dans « Furyo » avec David Bowie, musique de Ryuichi Sakamoto.
Certains cinéastes composent leurs propres musiques : Charlie Chaplin ou John Carpenter.
Quand un film hésite entre 2 styles, la musique aussi hésite, comme dans Flic ou Voyou musique de Philippe Sarde.
La musique est parfois déjà écrite avant le film (c’est d’ailleurs le cas pour la musique du film « Le professionnel » d’Ennio Morricone ou « Conan le barbare » de Basile Poledouris), parfois pendant en visionnant les « rush », parfois en dernier, après la fin du tournage (comme le fait John Williams). Dans ce cas, le film est parfois monté avec d’autres morceaux existants (classiques ou pas …) en attendant que la musique soit prête ou pour donner une idée au compositeur de ce qu’attend le réalisateur.
C’était d’ailleurs le cas pour « 2001, l’odyssée de l’espace », les morceaux classiques devaient être remplacés par des compositions originales d’Alex North. Celles-ci n’ont finalement pas été utilisées du tout par Stanley Kubrick ! On peut noter que la musique de György Ligeti, totalement inconnu à l’époque, est contemporaine du film. C’est aussi le cas pour « THX 1138 », film expérimental de George Lucas.
Pour illustrer le travail du compositeur, on peut montrer 2 séquences du film « un homme qui me plaît » de Claude Lelouch, musique de Francis Lai, celle durant laquelle on voit Belmondo surveiller l’enregistrement de la musique dans le studio en même temps que les images passent sur un écran. Pour le fun, on peut aussi montrer la séquence de western tournée à Monument Valley avec la présence d’Indiens.
Il y a 2 sortes de musiques dans les films : intra diégétique, extradiégétique.
LA MUSIQUE INTRADIÉGÉTIQUE : C’est une musique que l’on voit ou qu’on entend physiquement dans la scène. Elle fait partie de l’action filmée.
Les personnages jouent de la musique, comme dans « le pacha », musique de Serge Gainsbourg, comme dans « SUBWAY », musique d’Éric Serra, (exemple avec la chanson « it’s only mistery ») comme dans « La vie des autres », la scène au piano portée par la magnifique musique de Gabriel Yared, ou dans un registre plus léger avec le film « Jean-Philippe » avec Johnny Halliday dans son propre rôle.
Les personnages vont à un concert, comme dans « L’aventure c’est l’aventure », musique de Francis Lai, comme dans la boum 2, musique de Vladimir Cosma).
Les personnages écoutent la radio, comme dans « Les granges brûlées », musique de Jean-Michel Jarre.
Les personnages écoutent un disque, comme dans « La piscine », musique de Michel Legrand.
Les personnages regardent la télévision (comme dans « The Commitments »),
Le personnage chante. Ici les exemples sont innombrables : on peut citer « Embrasse-Moi Idiot », « Casablanca », « Gilda », « Pépé le Moko », « Cléo de 5 à 7 » (avec la présence exceptionnelle de Michel Legrand dans son propre rôle). Puisqu’il faut choisir, prenons un extrait du film « Bodyguard», avec Whitney Houston, quasiment dans son propre rôle.
Pour se détendre, écoutons la fanfare, comme dans « Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?».
La musique est partie intégrante de l’action, comme dans « L’homme qui en savait trop » ou « Rencontre du troisième type ».
LA MUSIQUE EXTRADIEGETIQUE : C’est une musique dont l’origine est extérieure aux plans qui composent la séquence en question. Au temps du cinéma muet, la musique était jouée au pied de l’écran avec des bruitages divers, ainsi que les explications du bonimenteur.
Ce peut être aussi une voix entendue alors que le personnage n’est pas présent dans la séquence, la voix du narrateur, (comme dans « Vincent, François, Paul et les autres », musique de Philippe Sarde, ou encore la fameuse phrase : « Luke, suis ton instinct ! Que la force soit avec toi ! »
Mais cette distinction est moins tranchée que pourrait le croire !
Une musique est utilisée dans certaines scènes de façon extradiégétique et parfois intra diégétique, comme dans « Elle et lui » ou « Diamants sur canapé », musique d’Henri Mancini.
Certaines musiques intra diégétiques peuvent devenir extradiégétique, comme dans « Le passager de la pluie », musique de Francis Lai, où le personnage de la vendeuse chante puis la B.O. reprend et intègre le chant à la scène dans le magasin de vêtement.
Dans « American Graffiti » de George Lucas, il s’agit d’une musique intra diégétique (les personnages écoutent leur autoradio dans leur voiture) mais techniquement, les chansons sont diffusées avec la qualité sonore d’une B.O. et le mixage ne laisse aucun doute sur le côté « extradiégétique ». Les commentaires du D.J Wolfman Jack sont quant à eux diffusés avec un mixage « radio » de l’époque.
Dans « the full monty », la musique intra diégétique devient extradiégétique seulement par le changement de mixage.
Dans « Ne nous fâchons pas », musique de Bernard Gérard, il est difficile de faire une vraie distinction. Elle symbolise les personnages anglais, sert de transition entre les scènes, elle a une valeur extradiégétique mais on voit les musiciens …
Troisième partie
DES ACTIVITÉS À FAIRE EN CLASSE
l Découvrir les styles musicaux à travers les films
1. Découvrir la musique classique
« Fantasia » de Walt Disney (et notamment « l’apprenti sorcier » de Paul Dukas)
« Jean de Florette » : « la force du destin » de Verdi
« Les trois mousquetaires » (de George Sidney avec Gene Kelly, 1948) afin d’entendre des arrangements adaptés de Tchaïkovski (« Hamlet », la symphonie « Manfred » et l’ouverture-fantaisie « Roméo et Juliette »).
- Découvrir le jazz (et le classique !) : « Les Aristochats » de Walt Disney.
- Découvrir la musique électronique: « Planète interdite » (1956, Walt Disney, de Fred McLeod Wilcox) sons électroniques de Louis et Bébé Barron.
- Découvrir la musique contemporaine : « La planète des singes », musique de Jerry Goldsmith, notamment la scène de la capture.
Héros, anti-héros, super-héros : des thèmes musicaux originaux
Certains thèmes sont créés pour des personnages bien précis. Une musique créée pour un héros ne ressemble pas à celle créée pour un anti-héros, un méchant. L’activité consiste à faire écouter 3 musiques et de faire deviner aux élèves laquelle a été composée pour Wonder Woman.
« Rain Man » de Hans Zimmer 1
« Patricide » de Hans Zimmer 2
« Themyscira » de Hans Zimmer 3
On peut faire exactement le contraire : proposer 3 personnages en photo (Palpatine, Obi-wan Kenobi, Luke Skywalker) et une seule musique de John Williams.
Musique et histoire
Regarder des vieux films, c’est comme monter à bord de la De Lorean Mc12 de « Retour vers le futur » ! D’ailleurs, la musique d’Alan Silvestri pourrait servir à l’introduction des séances d’histoire !
« Ben-Hur » de William Wyler, période de l’antiquité, musique de Miklos Rozsa.
« Cléopâtre » de Joseph Mankiewicz, période de l’antiquité, musique d’Alex North.
« The Adventures of Robin Hood » avec Errol Flynn, époque médiévale, musique d’Erich Wolfgang Korngold.
« Le Capitan », époque de Louis XIII, musique de Jean Marion.
« Les trois mousquetaires » avec Gene Kelly, époque de l’Ancien Régime, musique de Tchaïkovski.
« Les boucaniers » de Cecil B. deMille, époque napoléonienne, musique de Elmer Bernstein.
« Austerlitz » d’Abel Gance, musique de Jean Ledrut.
« The Alamo », dont l’action se déroule en 1836, musique de Dimitri Tiomkin.
« Lawrence d’Arabie », première guerre mondiale, musique de Maurice Jarre.
« Patton », séquence en Tunisie période de la seconde guerre mondiale, musique de Jerry Goldsmith.
« Destination Zebra », période de la guerre froide, musique de Michel Legrand.
« Apocalypse Now », période de la guerre froide, scène des hélicoptères, musique de Richard Wagner.
Musique et mathématiques.
La pulsation et le rythme de la musique conduisent directement à des notions mathématiques beaucoup plus abstraites, comme la numération, la notion d’algorithme …Petite activité mathématique à partir de « Midnight express » de Giorgio Moroder : compter les double-croches du thème joué à la basse avec un feutre puis faire un groupement. Les enfants doivent sentir combien de double-croches ils doivent mettre dans chaque paquet.
Musique et lecture
La biographie des compositeurs peut être l’occasion de lire un texte mais il semble plus aussi intéressant de se pencher sur les histoires elles-mêmes : la plupart des scénarios des films sont tirés de la littérature, enfantine ou non. C’est l’occasion de faire des allers-retours entre le texte, le cinéma et l’éducation musicale.
Dans le dispositif « école & cinéma », on trouve régulièrement le film de Jean Cocteau « la Belle et la Bête ». Ce film se prête merveilleusement à un travail pluridisciplinaire : les techniques du cinéma (notamment les effets spéciaux), l’histoire (notamment en comparant le conte de Mme Leprince de Beaumont avec le scénario de Jean Cocteau, enfin, en écoutant la musique de Georges Auric, notamment le disque comportant des extraits du film).
Les films tirés de la saga « Harry Potter » se prêtent également au même travail pluridisciplinaire : la musique de John Williams (d’ailleurs accessible pour une classe-orchestre), le texte de J.K. Rowling, les effets spéciaux numériques …
Je citerai encore « 20 000 lieues sous les mers » (musique de Paul J. Smith), « Peau d’âne » de Jacques Demy, musique de Michel Legrand, « L’île mystérieuse » (musique de Gianni Ferrio), « Le roi et l’oiseau » d’après un conte d’Andersen, musique de Wojciech Kilar, « les trois brigands » d’après Tomi Ungerer (musique de Kenneth Pattengale).
Juste pour le plaisir, écouter la recette pour un cake d’amour signée Michel Legrand.
Musique et géographie : la musique peut indiquer le pays dans lequel se situe l’action en complément des images.
Exemple parfait, « Lawrence d’Arabie », musique de Maurice Jarre. Il est amusant de remarquer que ce sont parfois des musiciens russes qui ont composé la bande son de l’ouest américain, comme Dimitri Tiomkin, auteur de la B.O. de « règlement de comptes à OK Corral », « Géant », « Rio Bravo », « Le dernier train de Gun Hill », « Alamo », … A l’inverse, la musique électronique du film « Les granges brûlées », musique de Jean-Michel Jarre est en contradiction avec le côté rural du film.
Musique et salle de motricité :
La musique du film « Le casse », signée Ennio Morricone, peut servir de base à un travail sur la démarche (vitesse, rythme martial en opposition avec les cordes, qui tournent avec légèreté.
On peut utiliser aussi « Fanfare for Rocky », musique de Bill Conti, pour obtenir une autre réponse motrice.
Enfin, pour terminer (mais on pourrait multiplier les exemples), on peut utiliser la scène du bain des éléphanteaux (musique signée Henri Mancini) pour obtenir une toute autre réponse.
Musique et arts plastique :
En utilisant une musique totalement inconnue des enfants mais suffisamment « expressive » pour induire une réponse plastique intéressante, on peut demander aux élèves de dessiner, peindre, représenter quelles images, quel personnage, quel paysage, quelle action ils voient dans leur tête en entendant cette musique. On peut ensuite comparer les dessins avec la séquence du film. Un exemple ici avec cet extrait : FALCOR
Épilogue
Les sources
Vous pouvez écouter des podcasts comme « total trax » ou « underscores ». Vous pouvez regarder les suppléments de certains DVD, la plupart abordent le sujet de la musique. On peut parfois aussi trouver ces suppléments sur Youtube.
Vous pouvez également lire des livres spécialisés sur l’histoire de la musique de film :
« Musiques de films » de Alexandre RAVELEAU (2018)
« Analyser la musique de film : méthodes, pratiques, pédagogie » de Frederic Gimello-Mesplomb (2017)
« Petites Histoires des Grandes Musiques de Films » de Bruno Communal (2018)
« La musique de film : compositeurs et réalisateurs au travail » de Benoît Basirico (2018)
« Guide des compositeurs de musique de films » de Romain Dasnoy et Vivien Lejeune (2017)