Bruitage, postsynchronisation et Foley Artist
La réalisation d’un film nécessite le travail, souvent invisible, de plusieurs centaines de techniciens et d’artistes dans des métiers divers et parfois méconnus : metteur en scène, cadreur, preneur de son, script, accessoiriste, comédien, etc…
Aujourd’hui, concentrons-nous sur les métiers du son ! Une dizaine de personnes sont en général impliqué dans la partie « sonore » du film : le perchiste (qui capte le son pendant le tournage), le sound designer (qui invente des sons), le compositeur évidemment puis l’ingénieur du son qui réalise le mixage de l’ensemble des sons et des musiques après le tournage et le montage du film (c’est la post-production).
Que retrouve-t-on dans la bande sonore d’un film ?
Les dialogues, enregistrés lors du tournage par le perchiste et d’autres micros cachés dans le décor ou sur les acteurs. Ces voix sont parfois ajoutées en postsynchronisation, comme dans « A bout de souffle » de Jean-Luc Godard ou les films néo-réalistes italiens. Sans parler du doublage des films et des films d’animation.
La bande originale du film, écrite par un compositeur (de Max Steiner à Hans Zimmer, en passant par Ennio Morricone). Cette partie précise fait l’objet d’une formation spécifique sur GAIA.
Le sound design, créé par un sound designer, très important notamment dans les films de Science-Fiction, Fantastiques ou d’horreur, pour lesquels une quantité de sons doivent être inventés pour plonger le spectateur dans un autre univers. Exemple : Gravity (avec George Clooney et Sandra Bullock)
Les bruitages, réalisés par un bruiteur (Foley artist en anglais, du nom de Jack Foley, l’inventeur du procédé, au départ spécialisé dans les bruits de pas). Il est parfois très compliqué de prendre directement le son pendant le tournage, notamment pendant les scènes d’action, les déplacements, les scènes de rue… Difficile d’avoir un son d’ouragan en direct pendant le tournage à moins de tourner pendant le cyclone ! Sans parler d’entendre malgré tout distinctement les voix des acteurs.
Le studio de bruitage
Les bruitages sont réalisés lors de la post-production, dans un studio de prise de son, suffisamment grand pour permettre au bruiteur d’avoir de la place pour évoluer, mais également pour pouvoir y entreposer tous les objets (et ils sont nombreux : chaussures, chaînes, tissus, objets en métal, en bois…) utilisés lors de l’enregistrement.
En quelque sorte, le bruiteur réalise le même travail qu’un acteur de doublage qui va refaire les répliques du comédien du film en version originale ; le bruiteur « double » en parfaite synchronisation les objets utilisés à l’écran pour donner l’illusion qu’ils ont été enregistrés lors du tournage. La plupart du temps, plusieurs prises superposées sont nécessaires lorsqu’il y a plusieurs choses à bruiter : plusieurs chevaux, plusieurs objets…
L’autre avantage du studio est de pouvoir enregistrer des bruitages de qualité, loin des bruits ambiants (vent, voitures, oiseaux, gens…) qui pollue la prise de son, notamment lors des tournages en extérieur.
De plus, certains sons ont besoin d’être exagérés d’un point de vue sonore pour rendre l’expérience visuelle plus intense. Par exemple, l’épée qui sort de son fourreau ne fait pas forcément « schwing » comme on pourrait le croire.
C’est aussi le cas des bruits de déplacement, d’où la présence dans le studio, de nombreuses paires de chaussures avec tous types de semelles et différents revêtements (bois, béton, moquette, gravier…) sur lesquels faire résonner de pas.
Pourquoi reproduire des sons qui existent déjà ?
Cela permet d’obtenir une bande sonore sans aucun dialogue, contenant uniquement la musique, le sound design, les ambiances ajoutées en post-production (pluie, vent, ville, etc…) et les bruitages. Cette bande-son est ensuite envoyée au studio de doublage qui, pour sa part, ajoutera les dialogues dans les différentes langues.
Le matériel de bruitage.
Ce que l’on entend n’est pas forcément ce que l’on voit ! Les divers objets utilisés par le bruiteur n’ont parfois aucun rapport avec ceux qui sont réellement à l’image. Pour reproduire le galop d’un cheval, le bruiteur utilise des noix de coco. Le but n’est pas ici de ressembler visuellement à l’objet, mais de sonner comme tel, voire de sonner mieux !
Exemple : scène coupée de Conan le Barbare.
Il est donc nécessaire aux bruiteurs de posséder de nombreux outils, machines ou bibelots en tous genres avec leurs sonorités propres pour pouvoir satisfaire à toutes les demandes.
Quelques exemples
Le bruit du tonnerre est parfois réalisé à l’aide de grandes feuilles de métal frappées et secouées.
C’est à l’aide d’un paquet de poudre de maïs sur lequel les doigts sont appuyés en alternance que l’on peut créer un bruitage de pas dans la neige très convaincant.
Marcher sur des bandes de vieilles cassettes audio déposées pêle-mêle sur le sol produit le son idéal pour simuler une marche dans un champs de hautes herbes ou dans un buisson.
En frottant une main légèrement humide sur le manche à balai que l’on fait tourner donnera l’impression d’entendre craquer un cordage de bateau.
Le frottement d’une toile enroulée autour de 2 poulies permet d’obtenir un bruit de vent réaliste. Mais il existe bien sûr une machine spécialisée, présente d’ailleurs dans les grands orchestres.
Le bâton de pluie porte très bien son nom et est un outil indispensable pour les bruiteurs.
Les emballages à bulle ou en papier Craft permettent de créer le son d’un feu de bois.
Aujourd’hui, les techniques de prises de son ont suffisamment progressé pour que des sons naturels (regroupés dans des banques de son numérisées et accessible en ligne) soient utilisés dans le mixage final du film.
Exemples en vidéo.
La vidéo suivante permet de voir le bruiteur Gary Hecker, en pleine action dans le cadre de son travail sur le film « Robin des bois » de Ridley Scott en 2010 avec Russel Crowe dans le rôle principal.
https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63b7e1376544a
Dans cette deuxième vidéo, le bruiteur du studio Disney explique son travail dans les années 80 sur le plateau de Paul Letterman.