LES CONTES DE MA MÈRE L’OYE De Maurice Ravel

LES CONTES DE MA MÈRE L’OYE De Maurice Ravel

« Ma mère l’Oye » est une œuvre de Maurice Ravel d’après des contes de Charles Perrault, de Madame Leprince de Beaumont et de Madame d’Aulnoy. Il existe trois versions principales de cette suite : la première a été écrite pour piano à quatre mains entre 1908 et 1910 ; la deuxième est une partition pour orchestre symphonique datée de 1911, la dernière (datée de 1912) est une adaptation pour ballet avec une chorégraphie de Jane Hugard.

La suite pour piano

C’est à l’intention des enfants de ses amis Ida et Cipa Godebski que le compositeur écrivit cette suite pour piano à quatre mains. Comme pour « l’Enfant et les Sortilèges », Ravel, artiste célibataire, sans enfant, auquel aucune vie sentimentale n’est attribuée aborde le thème de l’enfance. La version pour piano est conçue pour être exécutée par de jeunes mains et sa création publique, le 20 avril 1910, fut l’œuvre de deux enfants âgés respectivement de six et dix ans. Elle fut publiée en 1910 avec le sous-titre « Cinq pièces enfantines » et comporte cinq mouvements :

  1. « Pavane de la Belle au bois dormant » (mouvement Lent, tempo : 58 bpm)
  2. « Petit Poucet » (mouvement très modéré, tempo : 66 bpm)
  3. « Laideronnette, Impératrice des Pagodes » (mouvement de marche, tempo : 116 bpm)
  4. « Les Entretiens de la Belle et de la Bête » (Mouvement de valse très modéré, blanche pointée : 50 bpm)
  5. « Le Jardin féerique » (mouvement lent et grave, tempo : 56 bpm)

La version symphonique

Ravel est connu pour ses orchestrations : « les tableaux d’une exposition » de Moussorgski, sa propre « Rapsodie espagnole » … C’est donc tout naturellement qu’il réalise en 1911, une version symphonique de ses « Contes de Ma mère l’Oye », suivant très exactement la structure des pièces pour piano. Elle fut créée à Londres le 27 août 1912. L’effectif orchestral en est assez réduit :

Dans le pupitre des cordes : premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses et une harpe. Dans le pupitre des bois : deux flûtes (l’une jouant aussi du piccolo), deux hautbois (l’un jouant du cor anglais), deux clarinettes, deux bassons (l’un jouant du contrebasson). Dans le pupitre des cuivres : deux cors. Dans les percussions : trois timbales, une grosse caisse, des cymbales, un tam-tam, un glockenspiel, un xylophone et un célesta.

Après l’adaptation pour le ballet (voir ci-dessous), le « Prélude » et « La Danse du rouet et Scène » ont été ajoutés au début de la suite, et les places des « Entretiens de la Belle et de la Bête » et du « Petit Poucet » ont été interverties.

Le ballet

À la demande du mécène Jacques Rouché pour son Théâtre des Arts, vint ensuite la transformation de cette œuvre en ballet. Ravel y ajoute un prélude, un tableau (« Danse du rouet et scène ») et quatre interludes ; il modifie également l’ordre des mouvements pour en parfaire la progression dramatique.

Cette nouvelle adaptation, dont l’atmosphère fantastique se prête idéalement à la thématique de l’ensemble, compte parmi les meilleures réussites de Ravel dans le genre chorégraphique.

Sa création eut lieu le 29 janvier 1912 sous la direction d’orchestre de Gabriel Grovlez, avec une chorégraphie de Jane Hugard, des décors et costumes de Jacques Drésa.

 

Prélude (Très lent)

Premier tableau : « Danse du rouet et Scène » (Allegro)

Interlude

Deuxième tableau : « Pavane de la Belle au bois dormant » (Lent – Allegro – Mouvement de Valse modéré)

Interlude

Troisième tableau : « Les Entretiens de la Belle et de la Bête » (Mouvement de Valse modéré)

Interlude

Quatrième tableau : « Petit Poucet » (Très modéré)

Interlude

Cinquième tableau : « Laideronnette, Impératrice des Pagodes » (Mouvement de marche – Allegro – Très modéré)

Interlude

Apothéose : « Le Jardin féerique » (Lent et grave)

En 1919, Lucien Garban arrangera pour piano à 4 mains le Prélude, Danse du rouet et scène. Ce n’est qu’en 1991 que les autres intermèdes seront réduits pour piano à 4 mains par Jacques Chailley.

Bibliographie

Roland-Manuel : « Maurice Ravel et son œuvre dramatique », Paris, Les Éditions Musicales de la Librairie de France, 1928 (BNF 43239415).

Roland-Manuel : « À la gloire de… Maurice Ravel », Paris, Nouvelle Revue Critique, 1938 (BNF 32580891).

Marcel Marnat, « Maurice Ravel », Paris, Fayard, 1986 (ISBN 2-213-01685-2, BNF 43135722).

Christian Goubault : « Maurice Ravel, le jardin féerique », Paris, Minerve, 2004 (ISBN 2-86931-109-5, BNF 39264179)

Maurice Ravel : « L’intégrale : Correspondance (1895-1937), écrits et entretiens : édition établie, présentée et annotée par Manuel Cornejo, Paris, Le Passeur Éditeur, 2018, 1769 p. (ISBN 978-2-36890-577-7 et 2-36890-577-4, BNF 45607052).