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GEORGES AURIC et la musique contemporaine au cinéma – MISSION ART ET CULTURE
GEORGES AURIC  et la musique contemporaine au cinéma

GEORGES AURIC et la musique contemporaine au cinéma

Biographie Express

Compositeur français, né en 1899 et mort en 1983, Georges Auric étudie d’abord le piano au conservatoire de Montpellier puis le contrepoint et fugue au conservatoire de Paris en 1913 et enfin, la composition avec Vincent d’Indy à la Schola Cantorum en 1914. A partir de 1915, il rejoint le groupe des Six (Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Louis Durey et Germaine Tailleferre). Son amitié avec Jean Cocteau et Raymond Radiguet orientera une partie de son travail, tout comme son goût pour les œuvres d’Erik Satie et d’Igor Stravinsky.

Georges Auric a composé des musiques de films aussi célèbres que « Le Sang d’un poète » (1930), « La Belle et la Bête » (1946) et « Orphée » (1950) de Jean Cocteau, mais aussi « Moulin Rouge » (1952) réalisé par John Huston, « Lola Montès » (1955) de Max Ophüls, « Du rififi chez les hommes », réalisé par Jules Dassin en 1955, « Le Mystère Picasso » réalisé par Henri-Georges Clouzot en 1955, « Notre-Dame de Paris » de Jean Delannoy et « La Grande Vadrouille » de Gérard Oury en 1966. Georges Auric fut président de la SACEM de 1954 à 1978. On peut le voir en tant qu’acteur dans deux films : « Entracte » de René Clair, avec une musique d’Erik Satie (1924) et « Les Mystères du château de Dé » de Man Ray (1929)

Quelques Œuvres

Musique de chambre

            « Imaginées I à VI », pour différentes formations, 1956-1973.

            « Aria », pour flûte et piano, 1977.

Pièces pour piano

« Pastorales », 1920.

« Sonatine », 1923.

« Cinq Bagatelles », pour piano à quatre mains, 1925-1926.

« Sonate », 1930-1931.

« Bibliophilie », pour deux pianos, 1932.

« Danse française », 1946.

« Partita », pour deux pianos, 1955.

« Doubles jeux » pour deux pianos, 1970-1972.

Œuvres pour orchestre

« Chandelles romaines », musique symphonique, 1919

« Adieu New York ! », fox-trot pour orchestre, 1920

« La Chaîne », musique symphonique, 1931

« Conquête de la terre », 1955

Musique chorale

            « Cinq chansons françaises », pour chœur à 4 voix mixtes, 1941

« La Corvée d’eau », pour chœur à 3 voix mixtes, 1983

Mélodies

« Drôles d’histoires », 1936

« Le Campeur en chocolat », 1937

« Quatre Chants de la France malheureuse », 1943

« Cœur de mon cœur », 1954

Musique de scène

            « Le Dompteur », 1925

« Les Oiseaux », 1928

« Le Camelot », 1936

« Le Bossu », 1949

« Anastasia », 1952

Ballets

« La Pastorale », 1926

« Les Enchantements d’Alcine », 1928

« Chemin de lumière », 1952

« La Chambre », 1955

« Tricolore », 1978

Musique de films

1930 : Le Sang d’un poète

1935 : Les Mystères de Paris

1937 : Gribouille

1938 : Entrée des artistes

1943 : L’Éternel Retour

1944 : Le Bossu

1946 : La Belle et la Bête

1946 : La Symphonie pastorale

1948 : L’Aigle à deux têtes

1948 : Les Parents terribles

1950 : Orphée

1951 : Caroline chérie

1952 : La putain respectueuse

1952 : Moulin Rouge

1953 : Le Salaire de la peur

1953 : Vacances romaines

1954 : La Chair et le Diable

1955 : Du rififi chez les hommes

1955 : Chéri-Bibi

1955 : Lola Montès

1956 : Gervaise

1956 : Le Mystère Picasso

1956 : Notre-Dame de Paris

1960 : Le Testament d’Orphée

1961 : La Princesse de Clèves

1961 : Aimez-vous Brahms ?

1966 : La Grande Vadrouille

1969 : L’Arbre de Noël

MUSIQUE CONTEMPORAINE ET CINÉMA : DEUX DESTINS LIÉS

Associés l’un à l’autre dès 1908 (Camille Saint-Saëns compose la première bande originale pour le film « L’assassinat du duc de Guise »), la frontière artistique entre la musique du vingtième siècle et le septième art n’est qu’une ligne imaginaire. L’influence du cinéma sur le langage artistique n’a d’égal que l’influence des arts plastiques, de la musique ou de toutes les autres formes d’art (nouveau roman, architecture, théâtre, photographie …) sur les films.

Toutes les évolutions, toutes les révolutions musicales sont présentes dans les bandes originales des films, qu’ils soient d’auteurs, expérimentaux, documentaires ou grand public.

Pour éviter d’entrer dans les détails au cours de cette formation, vous trouverez en pièce jointe un document intitulé « panorama d’un territoire sans frontière » qui présente ce thème plus en profondeur. Ici, nous allons rapidement évoquer quelques exemples emblématiques de ces films qui possèdent une musique clairement reconnaissable appartenant aux différents courants ayant traversés la musique au vingtième siècle.

 

Bernard Hermann : « The Birds » (Alfred Hitchcock) 1963

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e0e4b6d6098

Ce qui est intéressant dans cet extrait montrant l’attaque de l’école par les oiseaux, c’est l’absence de musique car les bruits suffisent à créer la tension dramatique. Cette bande-son est faite à l’aide de sons synthétiques et non pas à l’aide d’enregistrements de cris d’oiseaux. C’est d’ailleurs une tendance qu’on observe depuis plusieurs années : la musique est absente de beaucoup de scène, remplacée par un simple sound design, contrairement aux débuts du cinéma, notamment avant le cinéma parlant (mais pas que) où la musique était essentielle à la dramaturgie des films. On appelait cela une bande-son « wall to wall », de « mur à mur », c’est-à-dire du début à la fin du film, sans interruption.

 

Bernard Hermann : « Cape Fear» (J.Lee Thompson) 1962

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e0e81f298ec

Cet extrait est intéressant pour 2 raisons principales : l’utilisation du chromatisme et la succession de notes non-conjointes, avec des écarts assez importants. Ces deux caractéristiques sont fréquentes dans la musique contemporaine, notamment depuis Schoenberg, jusqu’à Pierre Boulez. On entend moins ce genre d’ « écarts » depuis l’arrivée de la musique minimaliste des compositeurs américains à partir des années cinquante.

 

Lalo Schifrin : « THX 1138 » [George Lucas] 1971

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e0f7283aa67

Cette bande-annonce du film expérimental de George Luca, « THX 1138 » est un véritable résumé des tendances musicales de l’après-guerre, notamment la révolution introduite par Pierre Schaeffer et qui concerne « les objets sonores ». Celui-ci considérait que tout bruit pouvait devenir musique : locomotives, cris des enfants dans une cour d’école (Stockhausen) … On retrouve aussi le côté atonal de la musique (assez proche de celle de György Ligeti) ainsi que les effets de collage (Erick Satie) ou la présence de « drones » musicaux (Terry Riley).

 

Jerry Goldsmith : « La planète des singes » [Franklin Schaffner] 1968.

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e0fb1e6771e

Cet extrait est typique de la musique dodécaphonique, qui privilégie la non-répétition de séries de 12 notes. On remarque aussi l’atonalité, ainsi que les cassures de rythmes, les notes disjointes et la présence à la fois d’instruments classiques et de percussions venues d’autres cultures (Afrique, Amérique du sud …)

 

Bernard Herrmann : « Le jour ou la Terre s’arrêta » [Robert Wise] 1951

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e0fee456a7b

Les évolutions de la musique suivent de près l’évolution de la lutherie : le cor d’harmonie, le saxophone, le piano … tous ces instruments ont joué un rôle dans l’histoire de cet art. C’est bien sûr le cas au vingtième siècle avec l’invention des instruments électroniques et électriques. Les Ondes Martenot (déjà utilisées en 1942 par Maurice Thiriet dans le film « La nuit fantastique » de Marcel L’Herbier) ou le Thérémine (inventé en 1920) utilisé ici envahissent d’abord la musique expérimentale en se retrouvant au cœur de l’orchestre classique puis au cinéma.

 

Louis et Bébé Barron : « Planète Interdite » [Fred McLeod Wilcox] 1956

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e1032b4eeec

Pour la première fois, une musique entièrement fait de sons électroniques sert de bande-son à un film. De nombreuses techniques de collages, de filtration, de mise en boucle … permettent aux « générateurs de sons » (ancêtres du synthétiseur) de l’époque de produire une musique totalement « inouïe ». Le terme musique n’est d’ailleurs pas utilisé au générique. Il est à noter que, si le cinéma est lié à la technologie de la photographie, les sons synthétiques sont, quant à eux, liés à la technologie du téléphone et de la radio.

 

Jean-Michel Jarre : Les Granges Brûlées [Jean Chapot] 1973

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e1056c36daf

Voici une des rares incursions de Jean-Michel Jarre sur les terres de son père. Dans ce film, la musique, essentiellement à base de synthétiseurs, sert de contrepoint original à ce film à l’ambiance à la fois rurale, documentaire et policière.

 

Vangélis : « Blade Runner » [Ridley Scott] 1982

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e1075782470

Dans ce film, l’essentiel de la musique est composé au synthétiseur (même si le saxophone est utilisé, notamment pour la scène d’amour) par un maître du genre, le compositeur Vangélis Papathanassiou, déjà connu pour son rôle dans le groupe Aphrodite’s Child. Cette fois-ci, la musique électronique renforce les images et les décors futuristes, alors que le scénario repose sur une intrigue policière.

 

Léonard Rosenman : « Le voyage fantastique » [Richard Fleischer] 1966

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e10b5761c55

La bande originale de ce film peut servir d’excellente introduction à la musique atonale. On y entend des instruments tout à fait classiques jouer des notes qui ne le sont pas. A la fin de l’extrait, on entend les 9 notes qui constituent le thème principal.

 

Michel Legrand : « Destination Zébra » [John Sturges] 1968

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e10dc90e42e

Ce montage vidéo de la musique « Under the Ice » sur les images du film permet de bien appréhender l’originalité de la musique contemporaine (notamment son côté atonal) et de retrouver Michel Legrand dans un registre dont le lyrisme est quasiment absent. L’originalité de l’instrumentation rappelle les trouvailles d’Ennio Morricone.

 

Philip Glass : « Mishima » [Paul Schrader] 1985

https://ladigitale.dev/digiview/#/v/63e1109724f01

Au début des années soixante, les compositeurs américains (Terry Riley, Steve Reich, John Adams, La Monte Young…) se désolidarisent des rigueurs mathématiques de la musique sérielle, dodécaphonique et atonale. Ce courant appelé « minimaliste » ou « répétitif » marque le retour de la tonalité au sein de figures rythmiques et mélodiques simples qui semble se répéter (alors qu’elles évoluent constamment mais de manière très subtile, notamment en utilisant le déphasage, le tuilage, la superposition, l’augmentation …).

La musique « répétitive » du compositeur Philip Glass est parfaitement adaptée (et largement utilisée) aux films qu’elle illustre depuis les années 80, jusqu’à aujourd’hui.