Dans le cadre des animations pédagogiques en Arts visuels à l'attention des enseignants, initiées par les IEN de Wittelsheim et Wittenheim en partenariat avec le CRÉA à Kingersheim (Haut-Rhin), nous avons initié des pratiques artistiques autour du concept « Animaux ».
Les enseignants ont relayé ce projet au sein de leurs classes. Une exposition des travaux d'élèves a été organisée au CRÉA, durant le festival Momix, festival de spectacles Jeune Public, du 23 janvier au 11 février 2003.
L'influence du Surréalisme sur l'art de la seconde moitié du 20ème siècle n'a pas encore été évalué à sa juste mesure. L'attention portée par les artistes à l'objet s'est développée avec fureur parmi les nouvelles avant-gardes des années soixante, après que l'Art Informel, dernier grand mouvement pictural du 20ème siècle, est parvenu à imposer un attrait encore plus fort pour les matériaux. Un autre phénomène, plus global peut-être, mais riche de conséquences, mérite d'être observé : l'expansion des œuvres dans les trois dimensions de l'espace temps. Des premières installations dadaïstes à Berlin et des architectures de Schwitters on passe désormais à des séquences expérimentales beaucoup plus étendues dans la durée. Deux voies se dégagent assez vite. Elles se révèlent être les deux tendances déjà observées dans l'expérience dadaïste puis dans celle des surréalistes.
La première consiste en une sorte d'imitation du musée, de la collection en tant que contenant. L'artiste travaille sur l'objet trouvé, ou sur un assemblage de matières très diverses, et décide de les enfermer dans une boîte, dans un meuble ou dans une vitrine. Sur ce chemin, à la suite de l'exemple fondateur de Marcel Duchamp, on rencontre tout d'abord Joseph Cornell, puis certains artistes américains de la Côte Est et enfin les Nouveaux Réalistes qui, du début des années cinquante à aujourd'hui, pour ainsi dire, pratiquent l'assemblage surréaliste. Vitrines, boîtes, toutes sortes de récipients apparaissent ainsi autour d'une métaphore qui associe dans l'imaginaire de l'artiste la formule du musée. [1]
Et puis, il y a eu la déclaration constitutive du Nouveau Réalisme signée le jeudi 27 octobre 1960 par Pierre Restany, Yves Klein, Martial Raysse, Arman, Daniel Spoerri, Raymond Hains, François Dufrène, Jean Tinguely, Villeglé (César, Mimo Rotella et Christo rejoindront le groupe aux premières manifestations) :
Les nouveaux réalistes prennent conscience de leur singularité collective. Nouveau Réalisme = nouvelles approches perspectives du réel. [2]
Aux États-Unis, le Pop Art se veut le reflet de la situation américaine de l'époque. En Europe, le Nouveau Réalisme s'affiche comme un phénomène d'exaltation métaphorique de l'objet. En s'emparant de l'objet il s'est placé sur un autre terrain que celui de la peinture. Il se veut être le reflet de la structure socio-économique et culturelle de son époque. Il propose une vision du monde où l'objet détient une place centrale. Il y a cette volonté de prendre dans ce que produit la société industrielle et urbaine, tous les éléments d'inspiration.
L'enfant aime amasser, manipuler, ranger, classer. Il recueille un objet pour des raisons liées à la nature de celui-ci ou à son aspect. Il l'investit d'une charge affective et peut-être de valeurs magiques, d'autant qu'il ne sait d'où cet objet vient. Le fait que, par ailleurs, l'objet ait été trouvé implique qu'il a pu être perdu, que la rencontre a été fortuite, mais qu'il n'a pas été ramassé par hasard. Ces objets sont très variés : cailloux, coquillages, marrons, boîtes d'allumettes, bouchons, boutons, jouets, … [3]
Donner une seconde chance aux objets de rebut, c'est les considérer chargés de potentialités inépuisables, c'est oser les sortir de leur fonctionnalité première, c'est porter un regard autre sur le monde, c'est aussi revisiter des plaisirs d'enfance qui nous faisaient croiser le fer à l'aide de branches ramassées, tresser des couronnes de lierre, jouer aux voitures avec des boites en carton, …
Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie. [4]
Nous avons convié Christian Voltz à nos rencontres avec les enseignants, afin qu'il nous présente son travail artistique. Il nous a accompagné dans nos recherches, dans nos hésitations, dans nos tâtonnements, dans nos doutes, dans nos expérimentations.
Le choix de construire des animaux, ou plutôt un bestiaire s'est imposé a nous. Les enfants se projettent sans difficulté dans des univers peuplés d'animaux imaginés et imaginaires.