Exposition à La Filature de Mulhouse, du vendredi 13 septembre 19h au dimanche 27 octobre 2013
Olivier Roller propose une fresque photographique, décrivant le pouvoir en ce début du 21e siècle, par les individus qui l’incarnent. Une série de portraits ou se mêlent politiques, financiers, publicitaires, intellectuels ou encore empereurs romains ; mais aussi sa mère, symbole du pouvoir familial, et lui-même, dans des autoportraits qui explorent la relation du photographe acute son modèle. Un travail sur l’incarnation du pouvoir, sa pérennité, sa décadence et sa transmission.
"Depuis quatre ans, Olivier Roller photographie les Hommes de pouvoir de notre société: politiques, financiers, grands patrons, diplomates...Ce travail de portraits, cadrés serrés sur les visages, sans les habituelles expressions que ces communicants nous réservent, n'est montré que dans des expositions. Ces visages contemporains sont confrontés dans une perspective historique avec les portraits de marbre des Empereurs romains. Autour de l'an zéro, pour la première fois dans l'Histoire, le pouvoir communique avec l'image du puissant. Cet aller-retour historique nous enseigne sur la vacuité du pouvoir : l'homme de pouvoir, au fond, sait qu'il a perdu, que le temps sera plus fort."
La galerie de la Filature accueille le visiteur avec une photographie de Jeanne Moreau sans fard, peu avenante pour l’actrice, cruelle dans sa vérité pourrait-on dire. C’est la signature d’Olivier Roller, photographe né a Strasbourg qui a longtemps travaillé dans la presse nationale avant de s’engager dans un travail artistique avec ses figures de pouvoir. Car il se posait une question : est-ce que le pouvoir se lit sur le visage ?
Il entreprend d’enlever le masque de ses modèles - des politiques, des financiers, des patrons, des publicitaires, des intellectuels - pour voir ce qu’ils cachent derrière leur façade de bon communicants.
« Le principe d’une relation photographique, c’est la prise de pouvoir du photographe sur son modèle. Ces hommes et ces femmes ont l’habitude d’incarner une autorité. Pour moi, ce sont des sujets acute défier dans le bon sens du terme », explique Olivier Roller. L’exemple parfait est celui de Bernard Henry-Lévy : « Il s’est créé une image depuis ses 15 ans : même costume, cheveux longs. Il est symptomatique de notre époque : il maîtrise complètement sa communication, et moi j’essaye de le faire sortir de ce cadre. »
Olivier Roller invite donc ses modèles dans son atelier pendant une heure « pour rien
», en procédant de la même manière : il enlève tout élément de décor, se rapproche des gens sans pudeur, et leur demande de ne pas sourire, attendant le moment où ils lâcheront prise. Et parce qu’il n'arrivait pas à atteindre son but avec les politiques, il a trouvé la parade s’invitant sur la photo : « Je ne trouvais rien à l’intérieur d’eux. A mon avis, ils sont vides parce qu’ils n’ont plus le temps de se remplir. Ils sont tout le temps sollicités, projetés vers les autres et jamais vers eux même. Et quand je viens coller ma tête sur leur visage, c’est pour voir s’ils restent dans leur posture ou s’ils ont abdiqué », confie le photographe. Ces figures de pouvoir d’aujourd’hui sont rattachées à des figures anciennes : Jules César, Louis XIV, Auguste… comme pour mieux rappeler la vacuité et la vanité de toute chose, même du pouvoir.
Site internet de Olivier Roller