Au XVIIe siècle, la nature morte flamande se caractérise par
L'atelier de Rubens emploie de nombreux peintres de natures mortes, dont le style calque plus ou moins celui du maître. Rubens ne puise pas seulement dans des oeuvres antérieures, il fait aussi appel à des maîtres contemporains. Le XVIIe siècle voit en effet se développer une nouvelle catégorie d'amateurs d'art, les connaisseurs avertis, qui accordent une grande importance à l'authenticité d'un tableau et à sa qualité d'exécution. Ces collectionneurs sont particulièrement friands de tableaux réalisés "à plusieurs mains", c'est-à-dire par différents artistes confirmés, chacun selon sa spécialité et son savoir - faire. Rubens était bien sûr capable de tout faire, mais il savait que la valeur marchande d'un de ses tableaux augmenterait s'il était "cosigné" par un autre maître (en réalité aucun tableau de Rubens n'est signé sauf de rarissimes exceptions. Seuls, 5 tableaux sont signés par Rubens et ce sont des tableaux inspirés par l'Antiquité où Rubens veut démontrer sa connaissance parfaite de l'art romain). Il fit ainsi appel à Jan Brueghel, dit de velours, le fils aîné de Pieter Bruegel, à Frans Snyders et De Vos.
Ses principaux représentants sont :
Pieter Boel est un peintre flamand, né en 1626 à Anvers et mort en 1674 à Paris. Il voyage probablement en Italie vers 1650. En 1668, il travaille pour Charles Le Brun (1619-1690) dans son atelier de tapisserie.
Jan Bruegel l'Ancien (ou Jan Bruegel l’Aîné), dit de Velours, né en 1568 à Bruxelles et mort le 13 janvier 1625, est un peintre flamand. Fils de Pieter Bruegel l'Ancien, frère de Pieter Bruegel le Jeune, il s'initie au dessin auprès de sa grand-mère, miniaturiste. Il se forme ensuite à Anvers, puis voyage en Italie où il se lie d'amitié avec des mécènes pour lesquels il continuera à travailler après son retour dans le nord.
Établi à Anvers, il épouse la fille de Gérard de Jode, dont il a deux enfants, Jan Bruegel le Jeune et Paschasia qui épouse plus tard Jan van Kessel. Veuf, il se remarie en 1605. Huit enfants vont naître de ce second mariage. Beau-père de David Teniers, Jan Bruegel a eu des élèves tels que Abraham Govaerts et Daniel Seghers. On lui doit de nombreux tableaux de fleurs, genre dans lequel il excellait, ainsi que des compositions bibliques. Il a aussi collaboré à de nombreuses peintures avec Pierre-Paul Rubens qui était de ses amis et Hendrick van Balen.
Jacob van Es est un artiste-peintre néerlandais, né à Anvers vers 1590 et et mort dans cette même ville en 1666. Il se spécialise dans les peintures de repas, une telle spécialisation n'étant pas rare chez les peintres néerlandais de son époque.
Frans Snyders ou Snijders (Anvers, 11 novembre 1579 - id. 19 août 1657) est un peintre néerlandais, élève de Pieter Bruegel le Jeune et de Hendrick van Balen.
Peintre spécialisé dans la nature morte, Frans Snyders réalisa l'essentiel de son œuvre dans sa ville natale, Anvers. Appartenant à l'important atelier de Rubens, même s'il ne fut pas son élève, il collabora avec lui dans plusieurs tableaux, comme Philopœmène reconnu par ses hôtes (musée du Prado, Madrid). Il forma aussi lui-même plusieurs élèves, notamment Jan Fyt.
Son œuvre se compose essentiellement de natures mortes et de scènes de chasses, auxquelles il conféra une monumentalité nouvelle. Ses étals de commerçants, notamment de poissonniers (plusieurs exemplaires, conservés au Musée royal des Beaux-Arts et à la Rockox House d'Anvers, au musée du Prado de Madrid, au musée de l'Ermitage à Saint Petersbourg, etc.) constituent peut-être la partie la plus originale de son répertoire.
Ses compositions s'organisent en général autour d'un élément horizontal stable, comme une table, sur laquelle sont exposés des éléments désordonnées. Le foisonnement des objets peut rappeler l'abondance et la prospérité des Flandres au XVIIe siècle. Sa touche est très proche de celle de Rubens, en jouant sur des empâtements et des glacis dilués. Frans Snyders Vendeur de gibier Huile sur bois 177 × 274 cm Oslo, galerie nationale
Snyders exerça une grande influence sur la nature morte française, chez des peintres comme Jean-Baptiste Oudry ou Alexandre-François Desportes.
On oppose souvent école flamande et hollandaise. En effet, dans les Pays-Bas du Nord, le système politico-économique fait que les mécènes sont souvent des bourgeois - fortunés ou non - et non pas de riches aristocrates.
La nature morte, thème bourgeois par excellence, prend donc une grande importance, et se caractérise par
Les peintres hollandais produisent parfois des tableaux de manière quasi-mécanique. Chacun a sa spécialité : les fleurs, les livres, les repas interrompus... On note un fort développement de la vanité, qui se caractérise par la présence d'un crâne et/ou d'une horloge, références au temps qui passe et à la vanité des possessions. Sous l'influence de Rembrandt, figure majeure de l'école hollandaise, des nouveautés stylistiques se mettent en place : clair-obscur intense, touche qui se libère, augmentant le mystère et la dimension lyrique de l'œuvre.
Les grands représentants de la nature morte hollandaise sont :
Pieter Claesz (Berchem près d’Anvers, vers 1596/1597 – Haarlem, enterré le 1er janvier 1661) est un peintre de nature morte néerlandais (Provinces-unies) du siècle d'or. Il est un des représentants du baroque.
En 1634, Pieter Claesz est documenté comme membre de la guilde de Saint-Luc de Haarlem. Ses compositions, qui étaient considérées comme novatrices, firent de lui l’un des peintres de natures mortes les plus originaux, de sorte que, en 1628, Samuel Amzing, dans un poème dédié à la ville de Haarlem, le mentionne également.
Claesz peignit surtout des œuvres pour les mettre sur le marché, mais travailla aussi cependant sur commande. C’est surtout à Haarlem qu’il produisit et vendit ses œuvres.
À partir de 1628, une concurrence sérieuse commença à croître à Haarlem entre Pieter Claesz et Willem Claeszoon Heda, lequel s’inspirait fortement de lui et le suivait de près dans toutes ses innovations. Si Claesz utilisa dans ses premières œuvres une palette monochromatique de tons gris, bruns et verts, ses « pronkstilleven », natures mortes « d’apparat », plus tardives, allaient en revanche être sensiblement plus colorées.
Abraham Hendriksz. van Beyeren est un peintre hollandais, né en 1620 à La Haye et mort en 1690 à Overschie. Il se spécialise dans les peintures de poissons mais élargit ses sujets en peignant des tables de banquet.
Willem Claeszoon Heda (il signe en abrégeant son prénom en Claez.), né en 1594 à Haarlem et mort vers 1680 à Haarlem, est un peintre spécialisé dans la peinture de natures mortes.
Sa peinture montre son excellence dans le rendu des reflets et dans la qualité de la reproduction de la surface des objets. Les natures mortes de Heda ont souvent une composition en forme de triangle, dans laquelle les objets les plus haut sont placés sur un côté. Heda utilise assez peu de couleur dans ses peintures qui semblent presque être des monochromies.
Pierre Dupuis (parfois orthographié Dupuys) est un peintre français, né le 3 mars 1610 à Montfort-l'Amaury et mort le 18 février 1682 à Paris.
Il se rend en Italie où il rencontre vers 1637 Pierre Mignard (1612-1695). Il entre à l'Académie en 1663. Il se spécialise sur les natures mortes, son style étant marqué par les peintre de l’Europe du nord et la rigueur de la religion protestante. L’influence de Jacques Linard (1597-1645) et de Louise Moillon (1610-1696) se révèle dans ses peintures de bouquet de fleurs qui sont très réputées à son époque.
Meiffren Conte ou Comte est un peintre français, né vers 1630 à Marseille et mort vers 1705 dans cette même ville.
Jacques Linard (1597-1645) est un peintre français de la première moitié du XVII° siècle qui a réalisé un petit nombre de natures mortes. Jacques Linard (1597-1645).
Composition allégorique sur le thème des cinq sens: l'odorat est symbolisé par le bouquet de fleurs et le coffret à parfum en cuir; le goût par les fruits; l'ouïe par le recueil de chant ; la vue par le paysage et les jeux de miroir; le toucher par les cartes à jouer et les pièces de monnaies.
A cette thématique principale se joint, plus allusivement, une méditation sur la vanité du plaisir (la figue, symbole du péché originel, s'oppose à la grenade, symbole de la chasteté) et de la richesse (évoquée par l'argent, le luxe et la fonction de leurre des miroirs, ainsi que par la boîte de copeaux au centre, faîte pour recueillir des objets précieux).
Sébastien Stoskopff était un peintre alsacien (né à Strasbourg le 13 juillet 1597 - mort à Idstein le 10 février 1657). Très apprécié à son époque, il fut considéré comme l'un des plus grands maîtres de la nature morte. Son œuvre a été redécouvert dans les années 1930. Le Musée de l'Œuvre Notre-Dame de sa ville natale possède une très belle collection de ses tableaux.
« Né dans une famille protestante strasbourgeoise, Sébastien Stoskopff est envoyé en 1615 en apprentissage à Hanau, chez Daniel Soreau. À la mort de son maître, le jeune peintre dirige l’atelier. Après avoir cherché vainement à s’installer à Francfort, il se rend à Paris, ville qui exerçait alors un attrait particulier auprès des artistes allemands. Sébastien Stoskopff Nature morte à la statuette et au coquillage
Son séjour parisien est entrecoupé d’un voyage en Italie qui l’amène à Venise en 1629. Si la première partie de son séjour parisien est peu documentée, la seconde est en revanche mieux connue.
Il habite alors dans le Marais, près de la rue Vieille-du-Temple, et connaît une notoriété certaine comme le suggère la présence de ses œuvres dans les plus grandes collections de l’époque.
Dès son arrivée à Paris, Sébastien Stoskopff oriente son art dans de nombreuses directions et aborde des thèmes aussi variés que les natures mortes de livres - la somptueuse Nature morte aux livres et à la chandelle peinte en 1625 et conservée à Rotterdam (musée Boymans van Beuningen) est une des premières du genre -, les représentations des cinq sens, de la vanité ; il crée aussi des « tables mises » et des cuisines très originales qui s’inscrivent parfaitement dans l’évolution de la production parisienne de Jacques Linard, Lubin Baugin et Louise Moillon avec lesquels il entretient des relations étroites.
L’originalité des œuvres de Stoskopff réside néanmoins dans leur composition et dans le traitement particulier de la lumière.
En 1641, Sébastien Stoskopff est à nouveau à Strasbourg qui, relativement peu touchée par les troubles de la guerre de Trente Ans, est alors un centre artistique et intellectuel vivant et il y trouve rapidement sa place. Ses œuvres sont marquées à la fois par la continuité et par l’innovation : les scènes de cuisine, les déjeuners sont toujours présents, de même que les vanités dont il donne avec la Grande Vanité (1641, Strasbourg, musée de l’Œuvre Notre-Dame) une interprétation magistrale. Mais des sujets nouveaux apparaissent : les orfèvreries et les corbeilles de verres, et de saisissants trompe-l’œil. Il a comme clients des princes allemands réfugiés dans la capitale alsacienne ; c’est auprès de l’un d’eux, le comte Johannes de Nassau-Idstein qu’il meurt, sans doute assassiné dans des conditions obscures. » Michèle-Caroline Heck