Marionnettes

Plastique et environnement

  • L’impact environnemental de la matière plastique et des emballages

L’origine étymologique du mot plastique vient du grec « plassein » qui signifie modeler (et « emplassein », plâtre) dont est issu l’adjectif « plastikos », apte ou propre au modelage. Au XVIIIe siècle, il devient un substantif féminin (la plastique) pour désigner la forme d’un objet ou d’un corps.

Si on utilise depuis longtemps des matériaux plastiques (argiles, cires, etc.), le premier plastique synthétisé et commercialisé est réalisé en 1868 aux Etats-Unis par les frêres Hyatt, il s’agit de boules de billards en celluloïd qui remplacent l’ivoire.

Les recherches menées pour améliorer et diversifier les propriétés des matières plastiques les destinent à de nombreuses utilisations car ils peuvent prendre toutes les formes. Matériau magique, merveilleux, surnaturel, ses atouts sont infinis : hygiénique, solide, léger, souple, transparent ou coloré, gonflable, imperméable…

Les plastiques tendent à remplacer les matériaux traditionnels comme le bois ou le métal. Capable de se substituer à pratiquement toutes les matières, il devient LA matière, polymorphe, tous usages.

Mégalomane ou démiurgique, son projet est de couler ou mouler le monde entier dans une substance unifiante portant son nom.

« Tout est mixé, malaxé, climatisé, homogénéisé dans le même travelling d’un shopping perpétuel, asexué dans la même ambiance hermaphrodite de la mode, digéré et rendu à la même matière fécale homogène, pour une fécalité contrôlée et lubrifiée, diffuse dans l’indistinction des choses et des rapports sociaux. Synthétiques, syncrétiques, les plastiques offrent l’idéal standard de la société de consommation. » (Gerard Bertolini : Homo Plasticus, p. 72.)

Malgré ses noms de bergers grecs (Polystyrène, Phénoplaste, Polyvinyle, Polypropylène), c’est un matériau qui ne parle pas, léger, qui manque de profondeur, de peu de prix, capable uniquement des couleurs les plus chimiques et les plus agressives, il est fragile, pas sérieux, éventuellement brillant mais superficiel.

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Le plastique n’existe que comme mouvement, il est d’une constitution négative, ni dur ni profond, d’un son creux et plat à la fois : il est avant tout une substance alchimique d’où l’étonnement de l’homme entre le singulier de l’origine et le pluriel des effets.

Les emballages aux formes et aux couleurs toujours plus variées servent à séduire au moment de l’achat. Flatteurs et trompeurs, ils exercent sur le consommateur potentiel des effets de séduction. Le produit est acheté pour son emballage, soit une forme de perversion. Le contenant tend à dépasser le contenu.

Les enfants sont une cible de choix pour les designers, soit directement avec des produits faits sur mesure (flaçons de mayonnaise ou de ketchup à la forme de personnage), soit indirectement (séduire l’enfant pour faire acheter les parents, cf Au bonheur des dames de Zola)

Les emballages sont ainsi les meilleurs représentants de la « jette-society » en particulier parce qu’ils ont une durée de vie très faible, qu’ils prolifèrent, et qu’ils n’ont pas d’utilité en eux-mêmes (ce ne sont, en définitive, que des outils, des ustensiles).

Consommation d’énergies fossiles, courte durée de vie utile, taux les plus faibles de récupération et de recyclage, non-biodégradabilité, part rapidement croissante dans le poids et le volume des ordures ménagères, élimination coûteuse et polluante : ils deviennent des « rebuts bouffants » selon l’expression de Michel Tournier dans Les Météores.

Les déchets constituent donc le verso de la consommation, un indicateur sinon un miroir ou un reflet. Face à l’accélération du cycle production-consommation-rejet, la société industrielle doit prêter de plus en plus d’importance aux reliquats de toutes natures, polluante, destructive et gaspilleuse.

L’objectif de l’atelier est de penser notre relation à un monde peuplé d’objets en plastiques, la manière dont ils peuvent être faits pour transporter l’information et la manière dont ils peuvent devenir un nouveau langage.

  • Le plastique comme porteur d’informations

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Depuis Duchamp, le ready-made (ou objet fait de la main de l’homme) peut être utilisé comme porteur d’information.

L’important est peut-être la façon dont les matériaux déjà occupés par une série d’informations sont placés dans la situation ambiguë de pouvoir être utilisés pour autre chose.

Notre relation à tous les matériaux naturels (bois, pierre, feu…) et aux objets faits à partir d’eux remontent à des millions d’années. Nous les dotons d’une sorte de contenu poétique, riche d’histoire et de mythologies : ils sont entourés d’une bulle d’information. Des matériaux comme le bois ont déjà une bulle très occupée. Les objets de notre société industrielle n’ont encore que bien peu d’informations qui leur soient rattachées, de sorte que même si quelque chose comme du plastique peut-être accepté comme un matériau valable à utiliser en art, il reste très inoccupé. Il y a encore beaucoup à faire pour créer une mythologie de ce matériau par-delà sa valeur purement pratique et utilitaire.

Au début des années 80, le sculpteur anglais Tony Cragg élabore des sculptures exécutées à partir d’objets et de fragments de rebuts en plastique réagencés en motifs emblématiques. Il confronte le spectateur à une profusion de matériaux évoquant l’abondance, et à une foule de composants isolés pourvus chacun d’une identité distincte.

Les contours de l’image sont d’abord enregistrés comme un tout, représentant par exemple le drapeau britannique ou une couronne. C’est seulement en y regardant de plus près, après avoir identifié le matériau de base dont est formé le motif, que le spectateur peut examiner plus en détail l’identité des éléments individuels et évaluer les rapports au niveau pictural et symbolique des éléments avec le tout.

La dimension sociocritique de son travail est flagrante par ses connotations de désenchantement postindustriel, de surproduction gaspilleuse et de catastrophe écologique imminente.

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