Collections
et Cabinets de Curiosités au Musée Historique de Mulhouse

Dans le cadre des animations pédagogiques en Arts visuels à l'attention des enseignants, initiées par les IEN de Mulhouse en partenariat avec les Ateliers Pédagogiques d'Arts Plastiques de la Ville de Mulhouse, nous avons initié des pratiques artistiques autour de l'idée de « Collections et du Cabinet de Curiosités ».
Les enseignants ont relayé ce projet au sein de leurs classes. Une exposition des travaux d'élèves a été organisée au Musée Historique de Mulhouse, les productions plastiques ont été installées au cœur du musée, parmi les collections présentées habituellement.

Conception et mise en œuvre

  • Jean-Jacques Freyburger, Conseiller pédagogique en Arts visuels
  • Cyrille Saint-Cricq, Responsable des Ateliers Pédagogiques d'Arts Plastiques

Présentation

Johann Georg Hainz, "Kleinodien-Schrank" [Armoire à bijoux], 1666 | Kunsthalle, Hambourg
Johann Georg Hainz, Kleinodien-Schrank [Armoire à bijoux], 1666

Du nord au sud de l'Europe, à la fin de la Renaissance, surgirent d'étranges endroits : secrets ou visibles, dans des demeures royales comme chez des notables ou des apothicaires, tenant à la fois de l'antre du magicien et de l'officine, les cabinets de curiosités rassemblaient, dans un espace souvent compté, un incroyable capharnaüm couvrant murs et plafonds, débordant des tiroirs et des cassettes.

S'y côtoyaient mappemondes et objets d'ivoire, monnaies antiques et crânes de singe, dents de géant et corne de licorne, pierres magiques et queues de sirène, sans oublier de fascinants oiseaux de paradis qui passaient leur vie à voler, supposait-on, puisqu'ils n'avaient pas de pattes …

La nature s'y mêlait à l'art, et l'art en nature, dans une commune capacité à stupéfier, à faire surgir la merveille. Déconsidérée par le progrès des sciences et le siècle des Lumières, la culture de la curiosité ne survivait guère que dans la mémoire des archivistes et des spécialistes de la pensée scientifique.

Le Musée Historique de Mulhouse nous ouvre grandes toutes ses portes, ses réserves et son espace d'exposition du 3 mars au 4 avril 2005. Une imprégnation de ses collections, des choix qui ont guidés ces collectes et une connaissance des lieux, nous ont emportés dans une aventure artistique autour de la création de collections d'objets par des élèves de classes maternelles et élémentaires.

Ces collections imaginaires se sont insinuées entre celles déjà présentées au musée. En nous inspirant de la typologie d'exposition existante, nous avons inventé des objets de curiosités fictifs, qui ont été installés dans les salles du musée, et ont donné à voir des réalités réinventées. Ces "archéologies imaginées" n'ont pas fait pas de nous des faussaires, mais plutôt des ré inventeurs de l'Histoire, de pratiques culturelles, des découvreurs de collections imaginées inscrites et inspirées par celles déjà sur place.

Des portraits de vaches exposés dans une vitrine | Cyrille Saint-Cricq
Des portraits de vaches exposés dans une vitrine

Il s'agissait tout d'abord d'aller vers les représentations initiales qu'ont les enfants de ce que peut être un musée, et à fortiori, un musée historique. Une connaissance du lieu et de ses collections est indispensable, l'organisation et la mise en espace de ces dernières peut permettre d'en saisir la cohérence et la structuration muséographique.
Les pratiques artistiques qui se sont engagées, se sont appuyées sur des approches littéraires proposées, sur une connaissance des époques présentées. Des compositions plastiques autour de thématiques, d'évènements réels ou fictifs, ont servi de déclencheurs à la réalisation des objets exposés. Nous avons abordé ensemble les règles en vigueur qui régissent la présentation au public de collections muséographiques (cartels de présentation, soclage, mises sous vitrine, accrochages, boites de présentation, …), avec l'objectif d'intégrer au plus juste les créations des élèves dans cet environnement spécifique.

Des artistes se sont intéressés à l'"objet" dans toutes ses dimensions : industrielles, ethnographiques, culturelles, cultuelles …, saisissant une réalité tangible pour la détourner, l'embellir, la répertorier, la ficher, la "muséographier", la dénoncer, la convoquer, lui redonner une deuxième vie, lui inventer une existence.

Les médiums mis en œuvre sont très variés : la photographie (Boltanski), le carton (Picasso), le dessin (Beuys), les objets de rebut (Arman, César, Spoerri, …), la céramique (Klee), …
Les techniques et procédés utilisés nous donnent toute liberté d'entreprendre : l'accumulation, le collage, l'association, le détournement, la théâtralisation, …

Je n'ai jamais pu m'empêcher de collectionner des choses, tout ce qui m'est passé sous la main depuis les plantes jusqu'aux timbres en passant par les coquillages, les œuvres d'art primitives, et même les tableaux modernes, les livres ; tout ce qui me tombe sous la main, je le conçois dans une pluralité ; j'ai toujours été atteint d'une maladie qui peut s'appeler l'instinct de l'écureuil ; la valeur appétitive pour moi d'une vitrine bien remplie, je refais les vitrines que j'ai admirées dans mon enfance. [1]
  • [1] Arman.

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