TOUT EN HAUT DU MONDE dossier pédagogique

TOUT EN HAUT DU MONDE dossier pédagogique

TOUT EN HAUT DU MONDE

 

Film d’animation franco – Danois réalisé en 2015.

Format 2.39, durée 80 minutes.

Visa : 127 017.

 

 

GÉNÉRIQUE

 

Réalisation et création graphique : Rémi Chayé

Scénario original : Claire Paoletti, Patricia Valeix

Adaptation et dialogues : Fabrice de Costil

Musique originale : Jonathan Morali

Montage : Benjamin Massoubre

Productrice exécutive : Nadine Mombo

Studios d’animation : 2Minutes Nørlum

Son : Régis Diebold, Mathieu Z’Graggen, Florent Lavallée

Laboratoires : Éclair Group France Télévisins Signature

Une coproduction : Sacrebleu Productions, Maybe Movies, 2Minutes, France 3 Cinéma, Nørlum

 

Les personnages (et leur voix)

Sacha (Christa Théret)                                               Oloukine (Féodor Atkine)                 Katch (Thomas Sagols)

Larson (Rémi Caillebot)                                Nadya (Audrey Sablé)                                   Tomsky (Fabien Briche)

Le père Tchernetsov (Rémi Bichet)              Maloney (Bruno Magnes)                  Lund (Loïc Houdré)

Mowson (Cyrille Monge)                              Frenchy (Stéphane Pouplard)            Olga (Delphine Braillo)

Recteur (Gabriel Le Doze)                            Galway (Boris Rehlinger)                  Navy (Marc Bretonnière)

Sacha à 5 ans (Anselme Marouvin-Sacksick)                       La mère Tchernetsov (Julienne Degenne)

 

Récompenses

Cinquième prix Jean Renoir des lycéens 2016

Prix du public Festival d’Annecy 2015.

 

 

 

 

RÉSUMÉ

Sacha Tchernetsov est sans nouvelle d’Oloukine, son grand-père parti à la conquête du pôle Nord à bord de son bateau, le Davaï. Victime d’une injustice imaginée par l’ambitieux prince Tomsky, Sacha se décide : elle part immédiatement à la recherche de son grand-père pour sauver l’honneur de sa famille.

 

Arrivée au port, Sacha est attirée par un bateau en particulier : le Norge. Afin de pouvoir monter à bord et payer son voyage, elle offre en paiement au dénommé Larson sa dernière richesse : ses boucles d’oreille. Mais celui-ci n’est pas le vrai capitaine du Norge !

 

Découragée et sans argent, Sacha est recueillie par Olga, la patronne de l’auberge l’Ours blanc. Embauchée par Olga, Sacha travaille pendant un mois, en attendant le retour du Norge.

 

Le navire enfin rentré au port, Sacha arrive à convaincre Lund, le capitaine du Norge de l’accepter dans son équipage. C’est le grand départ pour Sacha : en route vers l’aventure et les glaces Nord afin de retrouver son grand-père Oloukine.

 

Prisonnier de la banquise, tout l’équipage du Norge part à la recherche du Davaï. Les aventuriers résisteront-ils au froid, à la faim, à l’épuisement ?

 

 

 

AUTOUR DU FILM

 

UNE HISTOIRE VRAIE

 

 

« Le plus tentant pour l’homme, c’est l’inutile et l’impossible. […] Il y a dans l’inconnu du Pôle, je ne sais quel attrait d’horreur sublime, de souffrance héroïque. » 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’incroyable aventure narrée dans « Tout en haut du monde » serait-elle une histoire vraie ? Cette aventure, quelle est-elle ? La conquête du pôle Nord, un voyage tout en haut du monde !

 

À bord d’un brick-goélette à coque renforcée, le Norge, une jeune femme et une poignée d’intrépides marins s’embarquent pour retrouver un navire réputé insubmersible et qui a pourtant peut-être sombré, le Davaï. L’histoire se déroule à la fin du XIXe siècle. Le cinéma n’a pas encore été inventé.

 

À la seule évocation de ces régions inaccessibles et hostiles situées au-delà du cercle polaire, des noms surgissent, des noms de terres ou de mers, de détroits, d’îles, de passages, auxquels de « fameux conquérants de l’inutile » attachèrent leur nom, souvent au prix de leur vie. Peut-être l’Américain Robert Peary fut-il le premier homme à atteindre le pôle Nord en 1909 ? En tout cas, l’obstiné Roald Amundsen (celui qui franchit le premier le passage du Nord-Ouest, avant de planter le drapeau norvégien au pôle Sud) y parvint le 12 mai 1926, après seize heures de traversée à partir du Spitzberg à bord d’un ballon dirigeable, baptisé le Norge !

 

On y revient ! L’aventure de notre Norge n’est pas tout à fait exacte d’un point de vue historique, mais elle est exacte d’un point de vue du mouvement.

 

Par mouvement, nous entendons celui du Norge, naviguant à travers les glaces disloquées, ses craquements et ses gémissements, les cliquetis du cabestan, « les coups de pistolet »2 produits par la rupture du bordage ou des madriers. Nous entendons encore les ondulations de la banquise et les affres soulevées par le broiement de la glace, le vent furieux, la neige suffocante, les longues houles d’est, la légère brise du nord, la mer assez grosse ou la mer démontée. Ce mouvement est juste, comme l’est celui des cœurs des hommes, intrus dérisoires dans ce monde étrange, vibrants à l’unisson de la dérive des glaces. Ce mouvement tient en un mot : l’animation.

 

À la vision de « Tout en haut du monde », nous nous disons : oui, cela a pu se passer ainsi. Oloukine n’a planté de drapeau russe (au pôle magnétique) que celui, chétif et symbolique, de ses rêves d’enfant, mais son âme ardente est de la même trempe que celle de tous les explorateurs qui partirent à la conquête de terres vierges. Ils ont vu ce que nul homme avant eux n’avait vu. Il faut qu’à cette exaltation se mêlent les rêves et l’imagination de l’enfance. Le graphisme épuré de « Tout en haut du monde » frôle parfois l’abstraction. Il rend exactement compte de cette oscillation entre réalisme et fantastique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Jules Michelet, La Mer, Folio classique, Gallimard, 1983.

 

  1. Sir Ernest Shackleton, L’Odyssée de l’« Endurance », Éditions Phébus, 1988.

 

 

 

GENÈSE

 

La genèse de « Tout en haut du monde », Rémi Chayé s’en est expliqué1, tient à la fulgurance d’une étincelle qui jaillit de la proposition de Claire Paoletti2, scénariste, et de sa propre lecture du journal de bord de Sir Ernest Shackleton, « L’Odyssée de l’ « Endurance ».

 

Sir Ernest Shackleton fut un de ces aventuriers au courage et à la perspicacité hors du commun. Voici l’annonce qu’il fit paraître dans le Times le 1er janvier 1914 :

 

« Recherche hommes pour voyage périlleux. Bas salaires. Froid glacial. Longs mois de totale obscurité. Danger permanent. Retour non garanti. Honneur et reconnaissance en cas de succès ».

 

Cinq mille hommes répondirent pour vingt-cinq places à bord ! Qu’est-ce qui attirait ces hommes ? « L’impossible comme besoin essentiel », répond Shackleton. Pour les hommes de l’expédition « Endurance », quatre cents jours de dérive au milieu des glaces dans des conditions effroyables s’ensuivirent. Des photographies stupéfiantes ponctuent le journal de Shackleton. Son récit et cette iconographie structurent « Tout en haut du monde » dans sa dimension documentaire.

 

Ainsi, l’influence de Shackleton est-elle capitale dans la genèse de « Tout en haut du monde ». Un hommage lui est rendu, à travers un personnage très important, compagnon et guide fidèle de Sacha : le chien-totem nommé Shackle.

 

 

 

Le nom Mowson rappelle étrangement celui d’un autre explorateur, Mawson, qui fit partie de la première expédition de Shackleton, en 1907, à bord du Nimrod. Dans ce groupe, il n’y avait pas de hiérarchie… Voilà qui éclaire singulièrement notre Norge, dont la constitution de l’équipage est si particulière puisqu’il y a une femme à bord, et qu’à un certain moment, le Norge n’est plus commandé par le seul capitaine Lund, mais au moins par deux autres personnages, Sacha et Larson.

 

  1. Dans le dossier de presse du film.

 

  1. Qui, à l’époque, tenait en une page qui pouvait se résumer ainsi : une jeune fille issue de l’aristocratie russe part à la recherche de son grand-père perdu sur la banquise

 

 

UNE ÉPOPÉE HUMANISTE EN SCOPE

 

 

Égalité entre les hommes d’équipage, égalité entre une femme et un second, rédemption d’au moins deux personnages, Larson et Mowson, réussite collective (et non réussite sociale) là où un individu seul (Oloukine) avait échoué : les trajectoires humaines suivent la trajectoire cartographique ascendante de leur vaisseau et la conquête du Pôle est loin d’être la seule conquête en jeu dans « Tout en haut du monde ».

 

Une éthique, peut-être puisée au cœur des récits de l’extrême qui rendent à l’homme sa dignité essentielle, fait de « Tout en haut du monde » un grand récit humaniste. Elle le fonde. L’égalité est un enjeu formel majeur et, au-delà, dans l’équipe de réalisation, une stricte parité entre femmes et hommes à postes équivalents fut strictement appliquée.

 

Dans le paysage des films d’animation français, dont la richesse et l’inventivité ne cessent de nous impressionner ces dernières décennies, rares sont cependant ceux qui utilisent le format scope pour y déployer leur style visuel. Rémi Chayé et son équipe ont choisi ce format, le plus large et vaste dont le cinéma dispose, pour mettre en scène une épopée qui tient autant de l’aventure intérieure. Cette tension entre le grandiose et l’intime est contenue dans le style graphique minimaliste, grâce aux aplats de couleurs, sans traits de contours, ce qui permet d’attribuer à la lumière et à l’ombre le rôle majeur de la coloration du film.

 

La mise en scène de Rémi Chayé est concise1, d’une rigueur extrême, mesurée et sans effets. Tout est propice dans cette retenue pour laisser sourdre l’émotion. « Ce qui m’intéresse, c’est l’émotion », dit-il. Les choix esthétiques, l’animation parcimonieuse de « Tout en haut du monde » découlent certes des moyens financiers, ils n’en déterminent et magnifient pas moins son style absolument singulier.

 

 

 

 

  1. Rémi Chayé la justifie ainsi dans son entretien dans le dossier de presse : « Comme l’animation coûte cher et que c’est long à fabriquer, on veut fabriquer au plus juste, alors comme dit le monteur Benjamin Massoube, « en animation, on monte avant de tourner” ».

 

 

LE POINT DE VUE DE L’AUTEUR

 

SACHA ET LA GLACE

 

La banquise comme page blanche

 

« Une ligne noire et sinueuse comme un trait de plume sur un papier blanc apparaissait, plus large près du bateau »1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous les explorateurs partis à la conquête des mers et des terres les plus extrêmes de la planète s’accordent pour témoigner que la réfraction de la lumière sur la banquise leur joua des tours : les mirages sont fréquents sur la glace. Apparitions fantastiques, illusions d’optique sont les compagnes de voyage de ces intrépides aventuriers.

 

Le film dans le film

 

Le générique d’ouverture de Tout en haut du monde, présente un inventaire : des documents (photographies, cartes, relevés et calculs inscrits sur des pages blanches), des objets (maquette de bateau, encrier, porte-plume, règle, sextant), des livres et des dessins jonchent le bureau de Sacha Tchernetsov, petite fille d’Oloukine, hardi capitaine ayant appareillé vers son rêve, le pôle Nord. Mais cet inventaire liminaire d’objets inanimés recèle deux animations littéralement incrustées.

 

La première apparaît dans un dessin d’enfant : à l’arrière-plan, fixes, une mouette, une petite maison et un hangar sur une île ; en amorce, la poupe d’un bateau, le Davaï, tandis qu’au premier plan dansent les flots de l’océan. Le mouvement côtoie l’immobilité. L’animation partielle de ce dessin d’enfant condense l’esthétique singulière de Tout en haut du monde, dont la puissance formelle s’accomplit grâce à cette économie dans un style graphique extrêmement simple, voire dépouillé.

 

La seconde incrustation est contenue dans une page blanche posée sur le bureau : un dessin doué d’un pouvoir d’animation autonome. Lorsqu’on s’approche de lui, ce dessin-fantôme est déjà animé. Des rafales de neige, poussées par un vent furieux, balaient une vaste étendue blanche tandis qu’un homme, seul, de dos, s’éloigne lentement vers l’horizon. Qui est cet homme ? Oloukine ? À ce moment-là du générique, le nom de Rémi Chayé apparaît. Ce caméo serait-il alors un autoportrait de l’artiste en quête d’inspiration ? Son avancée solitaire dans le silence des champs glacés figurerait-elle la traversée de son désert intérieur ? La banquise, page blanche, évoquée par Sir Ernest Shackleton, rappelle l’écran blanc, le vide, le rien. La création commence là.

 

  1. Sir Ernest Shackleton, L’Odyssée de l’ « Endurance », Éditions Phébus, 1988.

Tout en haut du monde serait ainsi une allégorie de la création et l’aventure de Sacha, double de Rémi Chayé, n’aurait de cesse de nous prouver qu’il n’y a de création que collective. Sacha, fédératrice, moteur de l’expédition, entraîne ses indispensables collaborateurs, les intègre et les transforme – jusqu’à la rédemption parfois si l’on pense à Larson ou à Mowson –, en tout cas elle en révèle ce qu’ils ont de meilleur. Preuve de son caractère altruiste, là où d’autres s’exprimeraient à la première personne, Sacha s’écrie à deux reprises : « On a réussi ! »

 

Telle un iceberg qui scintille de millions d’éclats, l’épopée du Norge, parmi la multitude de facettes qu’elle présente, nous fait miroiter l’entreprise éminemment collective qu’est la réalisation d’un long métrage d’animation. Dans sa dimension allégorique, Tout en haut du monde prend en charge la matière même de la création, elle en fait sa texture, elle l’inscrit dans la glace. « La démolition et le doute, c’est avec cela que vous avez à faire ! » Dans La Bande des quatre, de Jacques Rivette, Constance Dumas/Bulle Ogier s’adresse ainsi à ses comédiens et définit en ces termes leur matière première pour créer. Ainsi, les fissures et les failles qui s’ouvrent et progressent sur la surface glacée nous permettraient-elles d’assister à la figuration exacte de ce doute s’insinuant au sein de l’équipage/de l’équipe ? Quant à la démolition, est-il besoin de rappeler le sublime chant funèbre que livre le Norge agonisant, broyé par l’étreinte de la banquise ? En un fécond jeu de miroir, l’équipe embarquée autour de Rémi Chayé se confond facilement avec l’équipage du Norge progressant à travers les glaces disloquées, avec pour point de mire le Davaï ou la projection du film achevé sur un écran de cinéma.

 

 

 

Entre horizontalité et verticalité,

la banquise comme métaphore des rapports humains

 

Latitude et longitude

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De la même façon que les coordonnées géographiques se donnent en un système combinant latitude et longitude, dans Tout en haut du monde, les relations entre les personnages semblent régies par des lignes horizontales et verticales à l’intersection desquelles les êtres se rencontrent, et qui déterminent leurs rapports. Tout en haut du monde raconte l’émancipation d’une jeune fille, dont on peut mesurer précisément l’évolution. Dans cet élan, le mouvement général du film est ascensionnel : on grimpe par paliers vers le Pôle.

 

Pour s’émanciper, il faut préalablement désobéir, s’enfuir, quitter le foyer familial. Pour Sacha, le palais de Saint-Pétersbourg s’apparente à une prison. Ses dominantes verticales, marquées par les colonnades, les rayures des tapisseries, les boiseries, les tentures, les nombreuses fenêtres et les armatures métalliques de la serre forment autant de barreaux. Le geôlier de cette prison serait son père, à la stature imposante, au visage haut. Le visage du père ne semble composé que d’aplats verticaux ; son nez saillant, sa barbe en collier et même les deux sourcils horizontaux ne font qu’en accentuer l’aplomb.

 

Le sombre capitaine Lund, l’autre figure autoritaire que Sacha affrontera, a également un visage altier, mais sa physionomie évoluera au cours du film, ses traits s’adouciront et une manœuvre de brise-glace réussie parviendra même à esquisser un éphémère sourire.

 

Pour Sacha, d’origine aristocrate, l’émancipation consiste à déchoir de son rang social pour pouvoir ensuite avancer librement. Ainsi, dans le train, Sacha se retrouve-t-elle reléguée en troisième classe, celle des paysans puis, encore plus bas dans l’échelle sociale, fugitive recherchée par les gendarmes.

 

Une de ses rencontres les plus emblématiques, et pleine de fantaisie, est celle qui a lieu avec

Katch, à bord du bateau. Ils sont tous deux moussaillons et, d’un point de vue formel, au même niveau, mais tête-bêche ! Attirée, invitée par Katch dont elle refuse la main, elle escalade alors les haubans et ce baptême des cimes lui permet de s’ajuster à son propre niveau et de s’y trouver bien. Il suffit de ne pas regarder en bas (en arrière) mais devant soi.

 

 

 

Sacha et la glace

 

Sacha est de ces personnages insatiables qui, tandis que les autres mangent, ont toujours déjà mangé parce qu’ils dévorent la vie. Sacha apprend vite. Elle absorbe le monde pour mieux le restituer au bénéfice des autres, avec toujours un temps d’avance. C’est donc elle qui rompt la corde qui relie Lund à son navire ; navire dont il a hérité au même titre que son frère Larson.

 

Selon Shackleton, un navire, pour un marin, « est plus qu’une maison flottante ». Cette corde, tel un cordon ombilical, une fois coupée, libère Lund et son humanité en sera révélée.

 

Sacha est impulsive, ce trait de caractère crée des vagues, mais c’est au sein des conflits qu’elle se révèle. Sa présence cristallise les antagonismes, entre les deux frères et parmi les hommes d’équipage. À l’image des hummocks, ces protubérances de glace qui se forment entre les packs, Sacha réveille les conflits entre les êtres et les aiguise, mais elle s’affirme dans ces crises qui éclatent au grand jour. Grâce à la tempête, elle gagne sa place à bord en parvenant à immobiliser le canot mal arrimé et un regard de Frenchy scelle son admission au sein de l’équipage. Les matelots lui concèdent alors une couchette au poste d’équipage, bien que cela n’aille pas de soi : sa route est barrée par la croix bleue du drapeau étendu.

 

Katch, fidèle chevalier servant, dissipe ses réticences en tirant ce drapeau comme un rideau.

Mais finalement, en tant que moteur de l’expédition et réconciliatrice de l’équipage, Sacha agira comme la jeune glace, qui soude les blocs anciens.

 

 

Horizontalité/égalité

 

Il faut dire aussi que Sacha est une femme ! Cela n’est pas un mince détail ! Au contraire, dans Tout en haut du monde, la conquête de la féminité constitue une quête au même titre que celle du Pôle.

 

Incarnation de la féminité, dépositaire du savoir-faire, du tact et de l’autorité naturelle d’une femme dans un monde d’hommes, Olga est tout à la fois : patronne, sœur, amie, ange gardien et marraine bienfaitrice. Sacha la croise miraculeusement sur son chemin. Leur rencontre se fait dans un rapport de plongée-contreplongée, par contre elles se séparent en un champ-contrechamp, dans un parfait rapport d’équilibre : à égalité.

 

Lorsque Sacha s’adresse pour la première fois à Olga, à l’Ours blanc, elle est assise à table. Condescendante princesse blanche, elle l’appelle « ma bonne ». Sur le ponton, lorsqu’elle lui rapporte ses affaires, Olga domine Sacha. Dans ces deux cas, leur relation s’établit malgré les deux plans différents. Mais trente jours plus tard, leurs longs adieux silencieux s’étireront sur le même plan. Sacha aura beau se trouver à bord du Norge et Olga sur le ponton, elles seront au même niveau ! Le champ-contrechamp qui les sépare alors est horizontal. Souvenons-nous du Davaï levant l’ancre, il arracha littéralement son grand-père à Sacha, la laissant sur le quai en proie à la solitude la plus absolue. Souvenons-nous de ce rapport de contreplongée qu’il y avait entre eux, et nous comprendrons aisément que, dans le cas des deux femmes, il ne s’agit plus d’un abandon mais d’un rapport de continuité, la marque d’une complicité et la preuve de leur égalité.

 

Cet adieu marque l’aboutissement d’une transmission réussie. Nous en avons perçu la partie visible à travers la séquence musicale de la formation de Sacha, traitée sur un mode burlesque. La part plus profonde de leur complicité se mesure dans la séquence où Sacha doit convaincre Lund de l’accepter à bord du Norge, lorsqu’elle livre des détails intimes sur les matelots. Ces secrets révélés parachèvent indirectement le portrait d’Olga, qui apparaît comme une aventurière, une compagne de marins, qui sans doute même connut Oloukine.

Enfin, le fait que Sacha ne veuille pas enfiler « sa belle robe » pour convaincre Lund prouve qu’elle a désappris ses manières aristocrates, qu’elle s’est délestée de son héritage, et c’est ainsi qu’en coupant la corde de Lund, Sacha prendra également le commandement, sans pour autant s’ériger en chef.

 

LA CONQUÊTE DU POLE COMME CONQUÊTE DE SOI

 

Petite histoire de la mèche rebelle

 

Le tempérament et la détermination de Sacha semblent contenus dans un détail de sa douce et ronde physionomie : la mèche rebelle de ses cheveux. Cette mèche apparaît dès la quatrième minute du film, à l’Académie des sciences. Ses cheveux sont alors relevés en un chignon digne de son rang, et ce sont les calomnies exprimées par Tomsky au sujet d’Oloukine qui libèrent cette mèche, comme pour figurer sa rage intérieure. Ensuite, au palais, avant de monter l’escalier en colimaçon, pour se rendre dans le cabinet d’Oloukine, Sacha a ce geste machinal de replacer cette mèche derrière l’oreille. Ce geste condense la lutte qui commence à se jouer en elle. Elle cherche à réprimer ce désir qui germe et qu’elle ne saurait encore déterminer.

 

S’ensuivent le bal, puis la disgrâce et la rupture, le chignon tient bon.

 

Mais lorsque Sacha, enfin seule dans sa chambre, laisse libre cours à ses réflexions, ses cheveux sont lâchés. Elle partira et, désormais, elle abandonnera au gré du vent sa somptueuse chevelure blonde.

 

La boussole intérieure

 

« Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant. »1

 

Nous l’avons relevé, la pente de Tout en haut du monde est ascensionnelle. Tout aspire Sacha vers le haut, à commencer par Oloukine, dès la séquence liminaire. Rejoindre Oloukine signifie grimper, monter, escalader, et grandir. Sacha suit sa pente, en montant. Oloukine est sa boussole.

 

Oloukine est boussole. Il est omniprésent, dans le moindre objet. Il est la voix intérieure de Sacha.

 

  1. André Gide, Les Faux-monnayeurs, 1925.

 

Il est l’ombre d’un bateau qui passe sur la Neva et qui lui caresse délicatement le visage. Il est la feuille de route qu’il dépose à ses pieds. Il est fantôme, tel celui du capitaine Gregg, qui s’invite dans la chambre de Madame Muir, dans le film de Mankiewicz1. Il est nuage et statue de glace, il est mirage.

 

Depuis que « Sachenka » est au monde, l’enfant et son grand-père respirent au même rythme. La musique du générique est constituée du thème d’Oloukine au violoncelle et du son du souffle de Sacha qui s’amuse à faire gonfler les voiles d’un petit voilier. Dans le flash-back qui les réunit, leur souffle suspendu, ils contemplent la mappemonde en neige, puis ils rompent le silence exactement au même instant : ils ont la même musique intérieure. Et leur musique est composée de sirènes de bateaux. Lorsque le Davaï lève l’ancre, le son de la sirène est intégré à la musique.

 

Les bruits font partie de la partition, ainsi que l’avait inventé Maurice Jaubert2, le son du moteur de « l’Atalante » était déjà musique.

 

 

Les chemins de la connaissance

 

 « Ce qui semble hypnotiser les hardis navigateurs, ce n’est pas la richesse, mais le péril extrême, comme s’ils voulaient s’approcher de la mort et lui poser quelques questions. »3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis son départ, Sacha apprend à voyager, c’est-à-dire à traverser les frontières, des frontières géographiques autant qu’intérieures. C’est ce qu’elle faisait déjà en arpentant son domaine, à Saint-Pétersbourg. Les larges escaliers, dont l’architecture évoque certains tableaux de Chirico, les couloirs labyrinthiques prenaient un air de pays des merveilles.

 

Ensuite, arrivant au port d’Arkhangelsk, depuis l’extrémité du ponton de bois, sa silhouette semblait enfantée par le brouillard, comme si elle venait d’un autre monde pour se retrouver dans cet espace-temps inconnu. Dans ce passage de l’autre côté du brouillard, en un fondu enchaîné, elle se retrouvait parée de ses boucles d’oreilles, prix de la traversée. Là, dans la forêt des ombres des mâts et des cordages des navires arrimés, le Norge l’appelait, à moins que ce ne fut Oloukine, puisque celui-ci apparaissait instantanément dans une parenthèse lumineuse, le pont du Davaï se superposant à celui du Norge ?

 

 

  1. Voir les promenades pédagogiques.

 

  1. Maurice Jaubert est le compositeur de la musique du film de Jean Vigo, L’Atalante.

 

  1. Préface des Aventures du capitaine Hatteras, Jules Verne, Folio classique, Gallimard, 2005.

Cheminant vers le point suprême, Sacha et ses gaillards frôlent la mort. La faim et l’épuisement les taraudent, la mort les guette. La banquise monotone ressemble à un linceul. Des changements d’atmosphère se produisent en un raccord. Brusquement, la lumière solaire disparaît, un brouillard obscur enveloppe la masse glacée et les îlots flottants et les falaises abruptes forment de lugubres processions.

La mort met les âmes à nu, et Sacha guidée par Shackle, comme Énée, se rend au pays des morts, y retrouve son grand-père, et rapporte son journal de bord.

 

Pour Sacha, le chemin vers la connaissance consiste à accepter le legs de son grand-père, le reconnaître comme une part d’elle-même puis s’en séparer afin de vivre à son tour. C’est au cœur de la tempête, dans cette séquence qui s’ouvre et se clôt sur une suspension, une image absolument blanche et silencieuse, dans cette parenthèse fantastique où nul ne peut pénétrer, que se produisent les retrouvailles et les adieux de Sacha de son grand-père. Ces deux êtres étaient liés par un souffle commun, Oloukine désormais quitte la rive des humains, emporté par la dérive des glaces, et Sacha hérite de son journal, c’est-à-dire de son expérience et de son savoir. Le legs sera définitivement accompli dans la dernière séquence qui réunit Sacha et Oloukine, dans un champ contrechamp, au même niveau, à la même latitude, dans une égalité parfaite, la transmission et le passage de témoin accomplis, lorsqu’Oloukine fermera les yeux et que Sacha les ouvrira grands.

 

Tout en haut du monde ou les multiples facettes d’un iceberg

 

L’extraordinaire réussite de Tout en haut du monde tient à la variété de ses facettes. Ce film est conçu par accumulation de strates de différentes textures : documentaire, allégorique, épique, fantastique.

 

À la vision de Tout en haut du monde, ces strates affleurent à la surface de l’écran, elles ne sont jamais pures, jamais définitives, au contraire elles sont mouvantes d’une vision à l’autre et s’enrichissent mutuellement.

 

Alors, rêve ? Réalité ? Souvenirs ? Histoire ? En un mot, du cinéma !

 

IMAGE RICOCHET

 

Histoires de reflets

 

Ingrid Bergman/Henrietta Flusky dans « Les Amants du Capricorne » d’Alfred Hitchcock en 1949. Charles Adare rend sa splendeur à sa cousine Henrietta en lui permettant de contempler son image sur la porte-fenêtre, derrière laquelle il dispose sa redingote.

 

 

 

PROMENADES PÉDAGOGIQUES

Promenade 1

Histoires de fantômes

 

La chambre de Sacha, avec ses hautes portes-fenêtres donnant sur la Neva, ressemble étrangement à celle de Mme Muir dans « L’Aventure de Mme Muir », de Joseph Mankiewicz. Lucy Muir habite l’ancienne demeure du capitaine Gregg. Un courant d’air joue avec les portes-fenêtres donnant sur l’océan et les ouvre mystérieusement. Cet étrange phénomène précède l’incarnation du fantôme du capitaine Gregg, interprété par un Rex Harrison en chair et en os.

 

 

 

Dans leurs commentaires sur la réalisation de Tout en haut du monde, Rémi Chayé et son équipe revendiquent explicitement Mme Muir et son fantôme comme source d’inspiration importante. Un étrange courant d’air ouvre les portes-fenêtres avec fracas, puis dépose délicatement à ses pieds la feuille de route que Sacha suivra.

 

Ce courant d’air est-il la manifestation de la présence du grand-père ? Est-ce donc son fantôme qui agit ainsi ? Comment le cinéma peut-il représenter un fantôme ? Rien ne deviendra explicite dans Tout en haut du monde, au contraire de « The Ghost and Mrs Muir », dont le titre original ne laisse aucune ambiguïté sur le statut de fantôme du capitaine Gregg. Seule l’obstinée Lucy Muir est capable de le voir. Réel ou imaginaire ? Tangible et invisible aux yeux de qui ne sait voir.

 

Le fantôme au cinéma est celui qui traverse les frontières. Un fantôme vient du pays des morts, ou tout au moins peut-il y aller et en revenir… C’est le cas de Léo, dans « Phantom Boy » qui, en superhéros, a aussi le pouvoir de laisser s’envoler son âme hors de son corps dans le ciel de New York et de l’autre côté de la vie. Sacha a-t-elle également ce pouvoir ?

 

Promenade 2

Nanouk, Chang, Sacha et les autres…

 

Marcos Uzal, dans les promenades pédagogiques qu’il propose autour du « Chien jaune de Mongolie », relie son héroïne Nansa à Nanouk et Chang par la tradition du documentaire narratif.

 

Avec « Nanouk l’Esquimau », réalisé en 1922, Robert Flaherty s’inscrivait en précurseur de ce genre.

 

« Il s’agissait pour Flaherty de filmer le quotidien de véritables Inuits à travers des procédés du cinéma de fiction. »

 

Pourrions-nous intégrer Sacha à cette famille de héros ? Nous ne sommes pas à proprement parler dans le domaine du documentaire, ni dans la prise de vue d’images réelles en continu et, pourtant, dans « Tout en haut du monde » autant que dans « Nanouk l’Esquimau », la banquise est un personnage et le point de vue extrêmement documenté sur l’aventure humaine dans les conditions extrêmes du pôle Nord ne peut que nous rappeler Nanouk et sa famille.

 

À la croisée des genres, ces promenades d’un héros à l’autre pourraient se révéler extrêmement profitables.

 

Pour ce qui est de la splendeur absolument stupéfiante de la banquise, sans doute devons-nous saluer ici le travail du directeur artistique couleur, Patrice Suau.

 

Nous pouvons aussi rapprocher ce film, notamment par son scénario, de « L’ïle sur le toit du monde » des studios Disney, film d’aventure sorti en 1974 et réalisé par Robert Stevenson.

 

« En 1907, une équipe d’aventuriers menée et financée par Sir Anthony Ross part à la découverte d’une île non répertoriée dans le grand nord polaire. Pour sir Antony Ross, le but de cette expédition est de retrouver son fils disparu lors d’une précédente expédition. Pour cela, ils vont utiliser l’Hyperion, un ballon dirigeable conçu par le capitaine Brieux. En atteignant l’île perdue, ils découvrent des vallées verdoyantes en raison du volcanisme et une colonie viking vivant en autarcie depuis des siècles. »

 

 

Ce film méconnu et déjà désuet avant même sa sortie en salles n’a pas rencontré le succès escompté et est très vite tombé dans l’oubli, notamment après la sortie du film « STAR WARS », qui a relégué les effets spéciaux utilisés dans « L’île sur le toit du monde » dans les oubliettes de l’histoire du cinéma, malgré les évidentes qualités de ce film, notamment son tournage dans les régions polaires de Norvège.

 

 

 

Promenade 3

L’odyssée de l’Endurance,

ou la charpente documentaire

 

 

 

 

 

 

 

 

Les photographies prises par Frank Hurley, compagnon de route de Sir Ernest Shackleton permettent de nous rendre compte de la dimension documentaire qui structure « Tout en haut du monde », qu’il sera très enrichissant d’explorer plus encore, notamment grâce à l’ouvrage « L’Aventure des pôles », majoritairement iconographique.

 

Rémi Chayé et son équipe ont réalisé une œuvre très riche du point de vue de la restitution des paysages et des gestes des hommes au travail à bord de vaisseaux naviguant au milieu des glaces à la fin du XIXe siècle, et qui n’a pas beaucoup varié jusqu’aux années 1950. Cette conquête du Pôle s’est poursuivie au-delà, et est aujourd’hui encore un défi pour l’homme.

 

 

 

 

Promenade 4

Voyager grâce au cinéma

 

Presque dès leur invention, les plaques de lanternes magiques ont traité le thème du voyage. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les villes étrangères, les paysages exotiques sont très appréciés.

 

L’attrait pour les Pôles se retrouve sur les plaques de verre en même temps que se déroulent les premières explorations. Celle-ci date de la seconde moitié du XIXe siècle.

 

À la suite des lanternes magiques, le Cinématographe des frères Lumière prend le relais pour « offrir le monde au monde ». Des jeunes gens sont formés, dès le début de l’année 1896, comme projectionnistes et preneurs de vues. Ces « opérateurs Lumière » conquièrent la planète, équipés de leur appareil qui a l’immense avantage d’être léger (5 kg contre 50 pour le kinétoscope d’Edison) et de pouvoir être transporté dans une caisse de bois de la taille d’une valise. Ainsi, ils diffusent le Cinématographe Lumière et rapportent des vues de partout dans le monde : d’Extrême-Orient (par exemple du Japon), d’Amérique (Mexique), d’Afrique (Maroc, Tunisie), de Russie (Odessa, Kiev, Rostov et Saint-Pétersbourg) …

 

Ils filment tout, le plus officiel et le plus banal, le plus grandiose et le plus intime : paysages, villes, monuments, gens, fêtes, cérémonies, jeux d’enfants, sport, défilés militaires, cirques, animaux, tout et tout autour de la terre en cinquante secondes, soit dix-sept mètres de pellicule.

 

Les spectateurs voyaient alors ce que personne n’avait vu avant eux. Ils voyageaient. N’est-ce pas la même impression qui nous saisit à la vision de Tout en haut du monde ? Celle de découvrir, pour la première fois, une terre vierge, inexplorée, mythique, celle de voyager ?

 

 

 

 

Promenade 5

Figures féminines

 

Les femmes à bord des navires sont rares. Un navire est un univers d’homme. Comme Sacha, Ann Darrow n’est pas la bienvenue à bord du SS Venture commandé par le capitaine Englehorn, dans « King-Kong ». Sa présence crée des tensions et modifie l’alchimie à bord. L’aventure se mue en une tout autre histoire, qui interroge plus largement la place de la femme dans le monde.

 

 

 

 

 

 

 

Nous pensons alors à un autre type de bateau à l’équipage plus réduit : la péniche.

 

Une péniche peut se conduire à deux ou à trois. Gudule dans « La fille de l’eau », de Jean Renoir et bien sûr Juliette dans « l’Atalante », de Jean Vigo, sont des rouages indispensables pour que le moteur tourne.

 

Elles sont filles de l’eau, enfantées par les flots. Elles sont la musique des canaux.

 

Existe-t-il, dans d’autres genres cinématographiques, d’autres figures féminines dans des univers d’hommes ou prenant la place généralement réservée à des hommes ? Peut-être dans le western ? « Johnny Guitar », par exemple.

 

 

 

 

 

PETITE BIBLIOGRAPHIE

Sur les pôles

Yves de Chazournes, L’Aventure des pôles, éd. Place des Victoires, 2010.

Jules Michelet, La Mer, Folio classique, Gallimard, 1983.

Philip Pullman, Les Royaumes du Nord, Folio SF, Gallimard, 2003.

Sir Ernest Shackleton, L’Odyssée de l’« Endurance », éd. Phébus, 1988.

Jules Verne, Les Aventures du capitaine Hatteras, Folio classique, Gallimard, 2005.

 

Sur le cinéma d’animation

Pascal Vimenet et Michel Roudevitch, Le Cinéma d’animation, Cinémaction, 1989.

 

Sur Tout en haut du monde

Livret d’accompagnement pédagogique, Lycéens et Apprentis au cinéma, rédigé par Pascal Vimenet.

 

Petite revue de presse sur le film

http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/tout-en-haut-du-monde/

 

http://next.liberation.fr/cinema/2016/01/26/tout-en-haut-du-monde-exquise-banquise_1429074

 

http://www.lalibre.be/culture/cinema/tout-en-haut-du-monde-la-jeune-fille-et-le-nord-

56b8a0963570fdebf5ca945d

 

http://www.lalibre.be/culture/cinema/remi-chaye-ou-comment-animer-un-film-tout-en-haut-dumonde-

56ba0d5f3570b1fc11075a29

 

Petite sitographie

Le blog de Rémi Chayé, inlassable voyageur :

http://remichaye.blogspot.fr/

 

Lire l’entretien extrêmement enrichissant avec Rémi Chayé dans le dossier de presse du distributeur, Diaphana, à télécharger sur le site du film :

http://diaphana.fr/film/tout-en-haut-du-monde/

 

Et le blog du film :

http://toutenhautdumonde.blogspot.fr/

NOTES SUR L’AUTEUR

Biographie

 

Après ses études de cinéma, Hélène Deschamps a publié un livre sur L’Amour fou, de Jacques Rivette. Aujourd’hui, elle est projectionniste et passeuse en cinéma, auprès des enfants, des lycéens et des enseignants.

 

Aux éditions À dos d’âne, Hélène a signé (par ordre d’apparition) les opus sur Alfred Hitchcock, les Marx Brothers, Buster Keaton et Jean Renoir.

 

Elle écrit aussi pour Benshi.

 

 

 

LE COMPOSITEUR

Jonathan Morali

 

Jonathan Morali est né en 1980 à Paris. Compositeur et musicien, membre fondateur du groupe Syd Matters, il est également connu pour son travail dans la composition de musique de films et de jeux vidéo.

 

Le début de la carrière de Jonathan Morali est lié à celle du groupe Syd Matters, créé en 2002, dont il est le leader. Mélangeant folk et pop mélancolique, la musique de Syd Matters marie des mélodies lentes avec des instruments acoustiques sans toutefois renier des racines électroniques.

 

C’est sous ce nom que sort la bande originale du long métrage de Nicolas Klotz « La Question humaine », sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes en 2007. Le disque est nommé aux Victoires de la musique 2008 dans la catégorie « Album de musique originale de cinéma ou de télévision ».

 

En 2013, Jonathan Morali signe la bande originale du long métrage d’Éric Rochant, « Möbius ».

 

En 2015, Jonathan Morali signe la musique du jeu vidéo « Life Is Strange » réalisé par Michel Koch et Raoul Barbet. Le jeu rencontre un succès important à travers le monde et la bande originale est saluée comme un aspect incontournable de l’œuvre, « un personnage à part entière de l’histoire ».

 

En 2017, Jonathan Morali renoue en 2017 compose la bande son du nouvel opus du jeu, avec plus de 60 minutes de composition originale.

 

Jonathan Morali compose en 2016 une adaptation de « L’Enfer de Dante » pour France Culture avec les membres du groupe Syd Matters.

 

En 2019, il signe la musique de la pièce de théâtre « Pas de deux » de Julien Favart.

 

En 2020, il compose une musique pour le Louvre Abou D’Abi. La même année, pour la radio cette-fois, il met en musique « La Métamorphose » de Franz Kafka.

 

Discographie

Sous le nom de Syd Matters ou de Jonathan Morali

 

« End & Start Again », EP (2002)

« Fever in Winter, Shiver in June », EP (2002)

« A Whisper and a Sigh » album studio (2003)

« Avant qu’il ne soit trop tard » film de Laurent Dussaux (2004)

 « Someday We Will Foresee Obstacles » album studio (2005)

« Goodbye Mélodie », court métrage de David Barrouk (2005)

 « Hello Sunshine », single (2006)

 « Everything Else », EP (2007)

« La Question humaine » film de Nicolas Klotz (2007)

« Ghost Days », album studio (2008)

« Brotherocean » album studio (2010)

 « Hi Life », EP (2010)

« Les Adoptés » film de Mélanie Laurent (2010)

« Mauvaise Fille » film de Patrick Mille (2012)

« Möbius » d’Éric Rochant (2013)

« Tout en haut du monde » film d’animation de Rémi Chayé (2015)

« L’Échappée belle » film d’Émilie Cherpitel (2015)

« Le Nouveau » film de Rudi Rosenberg (2015)

« Les Grandes Grandes Vacances », série d’animation (2015)

« Life Is Strange », jeu vidéo (2015)

 « Druga strana svega », documentaire de Mila Turajlić (2017)

« Au fil du monde » série documentaire de J. Coulon et I. Dupuy-Chavanat (2017)

 « Life Is Strange 2 », jeu vidéo (2018)

 

« Jonathan Morali est un de ces musiciens solitaires, comme Philip Glass, François de Roubaix ou Elliott Smith, trop sincère pour suivre les tendances, trop méfiant de lui-même pour ne pas ouvrir son univers trop large, trop attaché à la perfection pour faire autre chose que développer sa propre vérité.

 

Il compose donc, seul dans son atelier, entouré de quelques instruments ; pas grand-chose, un piano, deux claviers, une guitare et quelques pédales d’effets. Et les mélodies qui en découlent sont belles et singulières, hantées par une douce et ancienne mélancolie, comme venant d’un autre âge, un folklore antique qui ne lui appartient qu’à lui.

 

Sur scène et sur ses disques, Jonathan est Syd Matters, entouré de ses musiciens et collaborateurs. L’auteur de quatre beaux albums entre 2003 et 2011, sa voix magnétique, ses doux arpèges et ses constructions subtiles mais spectaculaires ont mis en avant un artiste singulier au style unique, inspiré par l’écriture des années 1960, l’extravagance et la liberté des années 1970 et les sons synthétiques de la dernière décennie. En écoutant « Everything Else », « Obstacles », « High Life » ou « To All of You », nous voyons les contours de son univers, une île aux rivages tranquilles. Végétation dense et montagnes escarpées. Une île à la fois accueillante et mystérieuse, familière mais pas encore cartographiée, peuplée de personnages étranges : Kenny, Jackson, Morphée, mais aussi des hommes de pierre, des centaures…

 

Avec Syd Matters, Jonathan écrit pour le cinéma. Sous ce nom, il semble se sentir protégé, caché parmi les images et les personnages de l’histoire représentés à l’écran. Comme Johnny Greenwood qui échappe aux contraintes de Radiohead avec ses musiques de films, quand Jonathan compose pour un film, il laisse place à ses aspirations et intuitions. Il pétrit la matière sonore et ses émotions sous-jacentes, mettant autant l’accent sur les harmonies que sur l’espace entre les notes, comme s’il était libre des limitations du format de la chanson.

 

On dit qu’un réalisateur n’a qu’un film qu’il passe sa vie à refaire. Jonathan semble toujours écrire la même chanson, cherchant la vérité dans le son et l’équilibre exact. Depuis « End & Start Again », son premier single en 2003, son style est fixé : tout à la fois épique et épuré, lumineux sans être éblouissant, généreux mais jamais verbeux. Album après album, chaque chanson révèle un changement subtil, une légère variation, une discrète modification en harmonie. Et chaque détail vient enrichir un univers fondamentalement personnel mais étrangement familier.

 

Ainsi, album après album, de la partition de « La Question Humaine » à celle de « Möbius », Jonathan, porté par ses expériences et sa voix intérieure, déambule sans fin à travers son île-monde, escaladant ses volcans, plongeant dans ses eaux. Et il nous transporte avec lui dans un voyage intense, magique et onirique. »

 

D’après l’article de Michel Nassif sur le site :

http://www.jonathanmorali.com/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dossier réalisé par Karl-Frantz Graindorge, mai 2024 d’après, notamment, les articles du site NANOUK.

 

https://nanouk-ec.com/enseignants/les-films/tout-en-haut-du-monde/cahier/generique#film