Scène de genre

Scène de genre

Pieter Bruegel le Jeune

 

Pieter Bruegel le Jeune | Musée des Beaux Arts de Mulhouse, (Photographie Jean-Jacques Freyburger)
Pieter Bruegel le Jeune, Scène de patinage (1613), Huile sur bois

Pieter Bruegel le Jeune (fin 1564 ou début 1565, Bruxelles - 10 octobre 1636, Anvers), était un peintre flamand de la Renaissance, fils de Pieter Bruegel l'Ancien et frère de Jan Bruegel l'Ancien.

Il avait entre 4 et 5 ans à la mort de son père, il a donc suivi un apprentissage pour se consacrer à la peinture.

Il était surnommé « Bruegel d’Enfer » à cause d’un de ses thèmes favoris : les incendies. Il se forme à Anvers ou il est reçu franc-maître en 1585. Il se retrouve vite à la tête d’un atelier très productif et a de nombreux élèves (dont son fils Pieter III). Il est longtemps imitateur de l’œuvre de son père, et en inventera de semblables et réalise nombre de copies pour répondre à la demande des collectionneurs. C’est d’ailleurs à travers les excellentes copies du fils que l’on connaît certains originaux disparus du père. Il conserva tout sa vie le style du réalisme flamand.

Rappelons nous que le fils de Pieter Bruegel a durant toute sa vie essayé d’imiter son père. Il en a copié les plus célèbres : Le dénombrement de Bethlehem, le Trébuchet.

La technique de copie utilisée à l’époque était celle des pochoirs troués, qui reprenaient les masses colorées du tableau, et les dessins de détail étaient copiés puis troués sur les cernes des dessins. Ensuite on posait cette feuille de papier sur un châssis en bois, déjà traité, en on tapotait de la poussière des craie noire, les limites et contours apparaissent.

Mais n’oublions pas les qualités essentielles de ces œuvres :

  • elles évoquent la simple condition humaine,
  • elles grouillent d’activités, les personnes s’agitent dans un nombre infini d’occupations, l’homme n’est qu’un rouage de cette société,
  • elles évoquent au même titre le monde de l’enfance que le monde des adultes,
  • elles présentent des gens simples s’adonnant à des plaisirs simples, à des jeux, et en ce sens elles nous renseignent sur ce que les arts populaires de l’époque présentent comme pratiques, objets d’usage,
  • les personnages sont souvent habillés grossièrement, pour se protéger des intempéries,
  • les paysages ne sont pas allégoriques, contrairement à ceux que l’on peut observer dans la peinture italienne de la même époque (paysages empruntés de mythologie, qui célèbre les corps),
  • elles s’attachent à présenter des personnes de condition modeste, - les scènes sont souvent campagnardes, Bruegel l’Ancien comprenait la condition humaine, ses œuvres et celles de son fils traduisent une volonté certaine d’exprimer un sentiment d’humanité, une vision de la vie sans concession, autour des activités humaines bien réelles.

Définition et genre

Van Eyck | National Gallery, Londres
Van Eyck, Les époux Arnolfini (1434)

On appelle peinture de genre ou scène de genre un type d’œuvre picturale qui figure des scènes contemporaines et prises sur le vif.
Dès l’Antiquité, on peut parfois considérer qu’il existe de la peinture de genre, même si elle est connotée religieusement. Certains historiens d’art considèrent ainsi les peintures égyptiennes représentant les travaux des champs, les banquets, etc. comme de la peinture de genre. De même, dans les vases grecs ou étrusques, on peut trouver parfois des scènes de marché ou de chasse qui s’apparentent à des scènes de genre, tout comme certaines mosaïques et peintures romaines.
C’est avec Van Eyck et les primitifs flamands que la scène de genre semble réellement renaître. Les Époux Arnolfini, au delà du portrait, présente des personnages dans un intérieur bourgeois, détaché du monde religieux, et peut être considéré comme la première scène de genre.

D’autres compositions de Van Eyck, aujourd’hui perdues, comme une Dame à sa toilette confirment cette interprétation. Il est intéressant de constater que c’est dans les Flandres que débute réellement cette pratique : ce sont surtout les écoles du Nord qui mettront ensuite ce genre à l’honneur.
Avec le retrait progressif de la religion des arts, la scène de genre commence à se développer à la Renaissance, en particulier dans les Flandres. Le Peseur d’or et sa femme de Quentin Matsys en est un exemple parfait, même si comme la plupart du temps, il doit se lire de manière symbolique. Jérôme Bosch et Bruegel l’Ancien n’hésiteront pas à exploiter les scènes de genre, pour illustrer des proverbes et des histoires (aujourd’hui souvent perdus) qui donnent une nuance « laïque » à l’œuvre religieuse.
Au XIXe siècle l’expression peinture de genre remplace par abréviation les expressions peinture de genre vulgaire, de genre bas, de genre mineur qui désignaient des œuvres représentant des scènes de la vie quotidienne ou intime, par opposition aux peintures de genre historique.

Conception et mise en œuvre

  • Jean-Jacques Freyburger, Conseiller pédagogique en Arts visuels

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