Histoire des Arts - Paysage

Pratiques artistiques en lien avec l’œuvre

L’idée de paysage est construite sur des éléments que l’on peut connaître (la topographie, le climat, etc.), elle se manifeste surtout à partir d’éléments perceptifs non objectifs concernant le rapport que l’on entretient avec le monde, l’environnement, l’histoire individuelle, le groupe auquel on appartient.
Des artistes utilisent de plus en plus la nature elle-même comme support. Lorsque Richard LONG marche dans le désert, le désert est toile, le sable est pigment, son corps est pinceau. Tout désir d’illusionnisme a disparu. La ligne au crayon ne représente plus la route, l’artiste déplace des pierres, laisse des traces sur le sol qui forment autant de signes faisant « image » de lui, du monde dont il est issu. L’analogie disparaît pour laisser plus de place au réel. De représentation, on passe à présentation. Le paysage est instantané, car seule une photo en sera la trace.
Et nous aussi, en tant que pédagogues, nous devons encourager les enfants à rendre compte de « leurs » paysages et non pas à nous renvoyer les nôtres, nos perspectives, nos mythes. Cette libération par rapport au territoire traditionnel de la peinture fait se rejoindre les disciplines de l’enseignement, favorisant un regard plus global sur le monde, où la mathématique rejoint la poétique et la topographie, la signalétique.
Le cadre est ouvert comme le paysage est « ouvert ». L’artiste ne veut plus être le constructeur de paysages ou plus généralement le faiseur d’illusion. «C’est le regardeur qui fait le tableau», disait Marcel DUCHAMP.

Routes, chemins, rues…

« Chaque homme doit inventer son chemin. » Jean-Paul SARTRE « les Mouches »

Jeux de recherches de mots : Route, autoroute, périphérique, rocade, chaussée, axe, voie… chemin, sentier, sente, layon, piste… allée, raidillon, accès, drève… artère, boulevard, avenue, rue, ruelle, venelle, traboule, impasse… Trace, empreinte, pas, indice, marque…

Pistes pédagogiques :

  • Faire l’inventaire des lieux de passage dans le quartier autour de l’école… et des noms qui leur sont donnés.
  • Réaliser une collection d’images de rues… de chemins… pour enrichir le musée de classe et/ou pour constituer un mur d’images.
  • Illustrer une expression ou un proverbe. Exemple : « Avoir une figure en coin de rue ».
  • Découvrir une rue près de l’école : observer, décrire à l’oral, à l’écrit, faire des croquis… En classe, reconstituer la rue.
  • Repérer un point de passage entre deux rues : pont, porche… Le dessiner sur le motif (de visu).
  • Tremper les roues de petites voitures dans des gouaches et tracer des chemins, un réseau. A plusieurs : s’éviter, passer dessus, dessous… Variante : avec deux feutres dans la main.
  • Dans un bac à sable mouillé, modeler un paysage et y tracer des chemins, des labyrinthes, construire des ponts… Éventuellement, placer des figurines… Pour illustrer un conte, un mythe…
  • Collecter et associer des matériaux naturels pour évoquer des chemins. Ø
  • Au cours d’une sortie en ville, en campagne ou en forêt, prendre des repères puis représenter son cheminement : dessin, peinture, plan, maquette… Éventuellement exploiter un plan-relief.Cheminer, relever des indices, prendre des repères : empreintes, moulages (à l’argile), frottages, croquis, détails photographiques, échantillons, pour réaliser un jeu de piste pour des camarades et/ou composer un tableau souvenir. Variante : relever uniquement la signalétique (panneaux divers).
  • Marquer son passage : comment laisser des traces de son passage sur un chemin (indices, empreintes…).
  • Marquer les passages multiples des élèves dans un couloir par des empreintes de pieds, de semelles à la gouache sur du papier, toile grand format… (Mettre des bacs à l’entrée d’un couloir et des serpillières aux portes des différentes classes).
  • Se promener dans le quartier, le jardin public et/ou un bois, matérialiser son chemin : dérouler une bobine de fil (d’Ariane), semer des petits cailloux, des coquillages, répandre des peintures en poudre ou de la farine… balayer, ratisser, tracer avec des bâtons, aligner, entasser des matériaux naturels, baliser, jalonner par des piquets, des branches colorées… photographier.
  • Richard Long
    Richard Long, Une ligne dans le paysage (1967)
    Variante : ne choisir qu’un type d’action.
    N.B. : en forêt, délimiter un périmètre de sécurité, préserver l’environnement.
    Réf. Richard LONG : « Mon travail est un portrait de moi-même dans le monde, mon propre voyage personnel à travers lui et les matériaux que je trouve le long du chemin ».
  • Tracer des chemins dans la neige : à petits pas, chacun dessine une circulation. Photographier le réseau.
    Variante : saupoudrer son chemin de peinture, de couleur en poudre, photographier l’évolution.
  • Relever des empreintes de lieux « significatifs » (plaques d’égout, macadam, bordure de trottoir, graviers) sur le chemin emprunté dans une rue : couler du plâtre à modeler dans des cageots sans fond. Laisser prendre.
  • Démouler. Installer chronologiquement.
    Variante : réaliser des frottages.
  • Au cours d’une journée, chaque élève marque son passage dans chaque lieu de l’école par sa photographie (photocopies). Le soir, découvrir la totalité des « traces ».
  • Transformer l’allée ou le chemin de l’école pour « tracer » le passage des parents : dessiner aux craies de tableau et/ou poudres. Peindre avec des peintures pour sol (avec des pochoirs géants).
  • Réaliser un « parcours sensoriel » dans l’école : paillasson, grattoir de seuil, polystyrène en « papillons », sable, pénétrables (rideaux de fils, réf : Jean-Raphaël SOTO) à investir pieds nus ! ou un parcours d’eau.Collecter des cartes et plans usagés ou des vues aériennes et les transformer : effacer des parties, des renseignements/en accentuer d’autres, souligner, illustrer par des figurations et/ou des motifs.
  • Henri Zuber | Musée des Beaux Arts de Mulhouse, (Photographie Jean-Jacques Freyburger)
    Nils Udo, The nest (1978)
  • Réaliser des « arrangements » de matériaux naturels, petites embarcations éphémères à faire passer sur l’eau.
    Réf : Offrandes asiatiques et Nils UDO.
  • Découvrir une « carte du Tendre » (cartes et jeux allégoriques du bonheur). Inventer un jeu parcours de l’amitié.
  • Après avoir observé des passants, dans la rue, représenter le « passant », en dessin, peinture et/ou modelage.
    Réf : « L’homme qui marche » d’Auguste RODIN 1877; « Le Serf » d’Henri MATISSE 1900-03; « Figurine dans une boîte entre deux maisons » Alberto GIACOMETTI 1950; Janis KOUNELLIS « Sans titre » FRAC 1985. Ce type de travail peut être adapté au thème de l’école, de la maison : le couloir, le corridor, l’escalier…

Paysages étranges

 

Pour traduire le fantastique, l’étrange, attirer le regard sur les lignes fortes ou des parties spécifiques d’un paysage.

Pistes pédagogiques :

Partir de paysages : photos, photocopies ou reproductions d’oeuvres d’artistes, paysages réalisés par les enfants.

  • transformer ces paysages :
    • simplifier : garder les grandes lignes (ex. : calque).
    • géométriser : garder les grandes lignes, utiliser des formes géométriques simples.
    • Elargir ou allonger un paysage : découper en bandes, espacer ces bandes puis retravailler les espaces pour recréer une cohérence.
  • créer un nouveau paysage :
    • à partir de morceaux découpés dans d’autres paysages.
    • diviser la moitié d’un paysage, inventer l’autre moitié, puis enlever la première partie. Compléter et enrichir le travail.
  • déformer un paysage en utilisant la photocopieuse :
    • faire glisser un paysage en le photocopiant.
    • plier un paysage et le photocopier.
    • chiffonner un paysage et le photocopier.
  • transformer un paysage initial :
    • par la couleur,
    • en y ajoutant des éléments insolites.
  • compléter un paysage :
    • à partir de cartes postales, compléter, prolonger le paysage des tous les côtés (crayons de couleur, peinture, craies grasses…).
    • à partir de la moitié d’une image, reconstituer la suite du paysage.
  • colorier un paysage :
    • à partir de photocopies de paysages en n’utilisant que certaines couleurs (évoquer ainsi des moments de la journée, des saisons, certaines ambiances…).
    • dénaturer un paysage en utilisant des couleurs de manière à créer un trouble (ex : des nuages rouges…).

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