Jan Fabre (Anvers, 1958) figure au panthéon des artistes de sa génération. Ses oeuvres sculpturales sont depuis des années de tous les grands podiums de l'Art contemporain, de la Dokumenta à Kassel aux biennales de Venise, Saô Paulo et Istambul. A la fin des années soixante-dix, le jeune Fabre défraie déjà la chronique avec ses actions et ses performances. Dans le jardin de ses parents, il se crée un îlot à lui, qu'il délimite avec des panneaux de signalisation et au centre duquel il plante une tente.
Dans cette tente-laboratoire qu'il baptise De neus / Neuslaboratorium, Jan Fabre questionne la nuit, explore le monde des insectes et réalise ses premiers textes, dessins, et sculptures. Cette tente contient à l'état embryonnaire déjà, tous les éléments qui peupleront son univers artistique - éléments dont les rangs ne feront que grossir comme sous l'effet d'une tornade que rien ne peur arrêter et qui aspire tout sur son passage.
Jan Fabre aborde aussi bien les grands thèmes existentiels, comme la vie et la mort ou l'ordre et le chaos, que les sujets plus romantiques, tels que la nuit et le rêve. Si Jan Fabre est perçu comme un artiste résolument contemporain, et si son oeuvre paraît encore à ce point visionnaire et actuelle après toutes ces années d'activité fébrile, c'est surtout parce qu'il use d'un langage doté d'une densité et d'une multiplicité incroyable, allant d'une infinité de traits au bic bleu à une légion de coléoptères d'où émergent des images fugitives.
Le grand protagoniste de ces interactions massives et de ces « phénomènes d'émergence » est le bousier, insecte millénaire que Jan Fabre qualifie de « plus ancien ordinateur du monde » et qui, dans de nombreuses cultures, est le symbole de la mort et de la renaissance.
L'iconographie de Jan Fabre est une iconographie pullulante, polymorphe et changeante. Le pouvoir magique de la métamorphose - stratégie de survie adoptée par de nombreux animaux et à l'origine d'autant de mythes même très anciens - occupe une place très importante non seulement dans son oeuvre, mais aussi dans sa vie où il en use lui-même à profusion et de façon magistrale.
Jan Fabre, dont l'oeuvre et la vie se recoupent, est en effet un artiste aux multiples visages, qui passe avec autant d'éclat de la peau d'un metteur en scène de théâtre, à celle d'un scénographe, d'un chorégraphe, d'un dramaturge lyrique et d'un artiste plasticien.
Un artiste plasticien qui ne se contente pas de dessiner, mais qui réalise également des sculptures, des installations, des performances et des films. Dans notre monde fondamentalement bigarré et dual, Jan Fabre cherche à engager un dialogue comme Prométhée qui apporte la lumière.
Il s'entretient avec ses Guerriers de la Beauté, avec des animaux d'une autre ère, des objets ravagés par le temps, des anges déchus, des artistes et écrivains morts ou vivants, des hommes de science et des philosophes, ses diables et ses démons, avec l'autre, la mort et ce vide obscur au fond de lui.
En jouant brillamment la carte du polymorphisme, du dialogue et de la métamorphose, Jan Fabre s'est taillé une place unique, un territoire bien à lui, sur la scène artistique internationale. Qui s'y aventure, découvre un univers d'une incroyable cohérence et d'un énorme dynamisme ; Le monde fabrien a sa propre iconographie, son propre langage, ses propres règles et lois. Il s'agit par ailleurs d'un monde en perpétuel mouvement, dans lequel l'artiste - guerrier du désespoir et de la beauté, en empereur de la perte, en scarabée millénaire ou en bouffon coiffé d'un bonnet à cornes - se meut avec une grande aisance, se réservant à tout moment le droit d'en modifier les signes, les images et les lois à sa convenance, mais aussi toujours prêt à les laisser surprendre par une conversation pertinente, une brève apparition ou la dynamique inhérente à son propre univers artistique souverain.
Il est clair que dans de telles circonstances, l'homme et son oeuvre se soustraient à toute tentative de définition et de classification. Qui est Jan Fabre ? En quoi consiste son art ? Répondre à cette question paraît aussi impossible que de « mesurer les nuages ».
L'artiste contemporain Jan Fabre est connu, entre autre, pour ses oeuvres créées à partir de scarabées et coléoptères en tant que symbole d'évanescence et de vanité - des sujets qui ont accompagnés l'artiste durant les 30 dernières années - dont ses fameux scarabées qu'il voit comme « Ange de la métamorphose » mais aussi comme symbole de beauté et d'éternité.
La fascination de Fabre pour les insectes est évidente dans cette exposition : il épouse la dualité des bienfaits et des dégâts exercés par l'être humain dans ses oeuvres en utilisant la grande variété d'espèces des insectes, organismes faisant partie de notre univers.
De plus, Fabre utilise les insectes pour faire allusion à la vanité et l'aspect éphémère de notre vie et de notre monde, comme l'ont fait avant lui de nombreux artistes au courant des siècles. L'insecte c'est aussi le thème de la métamorphose, cher à Jan Fabre.
La fascination pour le corps et la métamorphose sont toujours présents dans son travail actuel.