C’est en 1912, dans les toiles cubistes de Braque et Picasso, que les mots font une entrée remarquée en étant soumis au même traitement que les formes et les matières.
Les papiers collés des cubistes et en particulier les emprunts aux premières pages de quotidiens que l’on retrouve sur de nombreux tableaux de cette époque, introduisent la typographie comme élément de composition.
Dès lors, avec l’explosion picturale et l’effacement des barrières entre les arts, les lettres et les mots envahissent le domaine de la peinture, de la décoration, de l’affiche. Multiples et variés sont les modes d’insertion de l’écriture dans la peinture : motif principal, ou accessoire de composition, le mot se libère du sens commun et revendique son appartenance au graphisme.
L’intérêt porté au signe confère une dimension scripturale au tableau. Outre leur rôle symbolique, les écrits détiennent une valeur et une qualité plastique. Ils ne s’opposent plus à l’image mais deviennent eux-mêmes images.
« Quelques signes ont traversé l’histoire – les changements de sens, comme certaines eaux pétrifient ce qui se trouve dans leur cours, le temps en a fait des symboles.
Certains ont sombré dans l’oubli pour retourner à l’état de signes conventionnels. Mais c’est bien dans le temps que se lit la faculté d’une signe à s’ancrer ou non dans l’histoire d’un peuple, à s’inscrire en tant que symbole, dans notre mémoire collective »
G. Jean – Langage des signes, l’écriture et son double. Editions Gallimard