Fruits et graphismes

Jan Voss, peintre, aquarelliste, graveur et sculpteur est naît en Allemagne à Hambourg en 1936. La guerre marque son enfance. En 1955, il entre à l’Ecole des Beaux-arts de Munich. Il s’installe à Paris en 1960. Il fréquente alors l’Atelier 17 du peintre et graveur anglais Stanley William Hayter (1901-1988) L’année suivant il participe avec Christo à la revue KWY fondée par Lourdes Castro et René Bertholo.

Jan Voss dans son atelier

On compare souvent son travail à celui de Matisse ou de Claude Viallat . Il est l’auteur de nombreuses encres et aquarelles sur papier, huiles et acryliques sur toile, sans oublier les lithographies. Il utilisera aussi le bois, le carton, les collages, les papiers froissés.

Dès le début des années 60 on trouve dans son œuvre un univers poétique peuplé de petits personnages, de gentils animaux, de monstres dessinés à la manière des enfants ou des bandes dessinées. Ils évoquent aussi Cobra avec Pierre Alechinsky et Asger Jorn. A cette époque il participe aux expositions de la « Figuration narrative » et des « Mythologies quotidiennes » dont il s’éloignera ensuite.

Son travail subit une première mutation au milieu des années 65, avec l’adoption d’une touche neutre et appliquée. Il travaille généralement par séries. Ces ” tracés à la ligne “, sont saturés de signes noirs et de lignes aquarellées. Il additionne, superpose des objets usuels, des animaux, des végétaux, des silhouettes d’hommes et de femmes qui sont disséminées sur la totalité de la toile. Ses œuvres sont colorées, fraîches, pleine de gaîté. Un monde peuplé d’animaux, de petits lapins, de personnages bizarres, décalés, reliés par des lignes, des griffonnages, des signes plus ou moins abstraits proches des idéogrammes orientaux comme son ami Julius Bissier .

Au fil des années, les éléments éclatent, se morcèlent, se multiplient, deviennent plus complexes, les couleurs éclatent avec une cohérence visuelle certaine. L’artiste n’est pas animé par une théorie, il dit qu’il « ignore de quoi la prochaine toile sera faite. A partir des années 1990 il s’intéresse aux volumes et fabriques des petites statues monochromes. Les œuvres récentes sereines et virtuoses sont marquées par un retour à la ligne et aux aplats de couleur cloisonnés ou couvrant toute la toile.

Avant d’aborder une œuvre de Jan Voss, nous pouvons avec nos élèves :

  • Rassembler un grand nombre de fruits et légumes.
  • Faire des croquis de ces fruits et légumes sous des angles différents.
  • Varier les outils : crayons à mine, pinceaux brosses, crayons de couleurs, fusains, coton tige, plume, branche, …
  • Varier les supports : papiers canson, tissus, papier journal imprimé, revues, papier d’emballage, cartons usagés, papier craft…
  • Se constituer ainsi une bibliothèque de dessins, croquis, peintures de ces objets.
  • Varier les techniques autour de cette activité liée à l’observation et à la représentation : crayons à mine, fusain, gros feutres, encre de chine, peinture, collages de papiers déchirée, collages de papiers découpés…
  • Varier les combinaison de certaines techniques entre elles : créer des supports en utilisant des qualités de papiers et cartons différents, combiner des outils entre eux (exemple : compléter un dessin effectué à l’encre de chine à l’aide de peintures).
  • Simplifier les formes des fruits et légumes représentés au fur et à mesure des expérimentations.

Aller petit à petit de la forme au signe.

Une fois cette collection de formes, signes, dessins, peinture réalisée, une œuvre de Jan Voss peut être présentée aux élèves, qui en font une description factuelle:

  • -les signes,
  • les formes,
  • les traits,
  • des formes déformées, (étirements, aplatissements…),
  • les couleurs,
  • l’organisation,
  • la structuration…

Cette observation peut engager les élèves à :

  • fréquenter des libertés d’agencements de formes peu explorées,
  • explorer la possibilité de mettre en fréquentation des supports et matières divers,
  • d’intimer des oppositions, superpositions, juxtapositions d’objets plastiques,
  • d’organiser de manière originale des dessins, collages, peintures,
  • de créer de liens entre les dessins, collages… installés sur un support,
  • d’obtenir une forme de cohérence dans l’agencement des formes et dessins,
  • de s’approprier des espaces de manière inédite.

Quel sens donner à ces productions, s’agit-il :

  • d’accumulations ?
  • d’inventaires ?
  • d’énumérations ?
  • d’absences de hiérarchisation des objets présentés ?
Jan Voss, Left Wing - Right Wing, 2008, acrylique et collage sur toile

C’est là que l’œuvre de Jan Voss peut être éclairante.

Comment organiser l’ « assemblage » des formes.

Partir d’un bord de son support, partir du centre, partir des quatre coins en même temps, partir du haut vers le bas.
Circuler de manière aléatoire en disposant des formes.
Disposer une forme et « construire » sa toile par effet de familiarité de couleurs, de formes, de tracés.
Comment réaliser des points d’ancrages pour le regard ?
Comment autoriser le regard de l’autre à circuler entre les formes ; ou de passer d’une forme à l’autre ?
Comment stigmatiser le regard sur un seul point du travail ?

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