Il s’agit d’une lithographie, elle mesure 40 cm par 60 cm, le N° 212 d’un tirage sur 250.
Elle est signée au crayon à la main dans la partie basse à droite : Daniel Spoerri 1992.
Dans la partie haute nous pouvons voir une vue de dessus d’un tableau piège.
Dans la partie basse, il y a des tracés de formes colorés qui reprennent les structures et formes des objets identifiés sur les tableaux pièges : à savoir des assiettes, des couverts…
Ces formes colorées installées suivant une géométrie donnée par le hasard des tableaux pièges, consacre un caractère abstrait à ces assemblages.
Une forme de dessins de machineries se pose tout en mouvement. Peut-être un clin d’œil à l’œuvre graphique de Jean Tinguely ?
L'artiste suisse d'origine roumaine Daniel Spoerri, de son vrai nom Daniel Isaak Feinstein, naît à Galati en Roumanie le 27 mars 1930. Il est tour à tour danseur à l'opéra de Berne, metteur en scène, décorateur, mime et acteur de théâtre.
Daniel Spoerri grandit en Suisse, où il rencontre Jean Tinguely, et devient danseur à l’Opéra de Berne de 1954 à 1957. Il se consacre à la mise en scène et au décor de théâtre.
Arrivé à Paris en 1959, Daniel Spoerri crée des "tableaux-pièges" : il colle des objets quotidiens amassés dans sa chambre d'hôtel sur des planches. Il rejoint ensuite le groupe des nouveaux réalistes.
Daniel Spoerri dévoile la beauté des objets et assemble les pièces qui pourraient avoir un passé commun. Leur assemblage semble une petite opération, mais là réside tout l’art.
D’abord la recherche, puis le tri des objets trouvés qui ont une histoire commune et pour finir l’assemblage des pièces de la façon la plus réussie.
Il fixe l’instant d’une composition due au hasard à l’aide d’objets de rebuts, surtout des reliefs de repas, collés sur des supports comme des caisses ou des planches et accrochés au mur tels des tableaux.
En 1963, Spoerri développe les Détrompes-l’oeil, chromos de tableaux sur lesquels sont collés des objets qui mettent en cause et banalisent la chose qu’ils représentent. Avec Robert Filliou, Daniel Spoerri propose en 1964 les Pièges à mots, montages visuels à partir d’expressions toutes faites. Initiateur du "eat art", il ouvre en 1968 un restaurant à Düsseldorf.
Il exploite par la suite le caractère magique de l’objet trouvé, réalisant des assemblages où se mêlent crânes d’animaux, instruments orthopédiques, hachoirs à viande, qui deviennent les idoles d’un art primitif inventé, se moquant des croyances et des conventions artistiques. Sur ce principe, il conçoit les Corps en morceaux au château de Oiron en 1993, parodie de trophées composées d’éléments d’armures, prothèses, masques africains, têtes de chevaux de bois... Spoerri ouvre une fondation en Toscane en 1997 qui présente un parc de sculptures.
"Je ne suis pas opposé aux créations individuelles, mais l’art ne m’intéresse que s’il contient une leçon visuelle. Je ne me soucie pas que ce soit une création individuelle ou non. La frontière entre les deux est difficile à tracer."
"Chaque tableau que je colle, c’est le reflet d’un nombre incroyable d’actions et de réactions voulues, irréfléchies ou hasardeuses. Ce verre sale, ce vieux réveil, ce clou rouillé, pourquoi sont-ils là ? Ce qui me provoque, ce n’est pas le réalisme de l’objet, c’est sa mise en doute." Daniel Spoerri
Tout élément pris dans le réel peut donner lieu à des abstractions géométriques. Il suffit d’en dégager l’aspect formel, de s’en emparer et lui donner un statut d’objet plastique indépendant de toute interprétation.
Un objet devient une forme, l’enveloppe devient prégnante sur ce qu’elle referme.
Une roue de bicyclette devient disque en mouvement.
Des images prélevées dans notre environnement immédiat peuvent ainsi porter à la géométrisation des espaces.
Des natures mortes deviennent des amoncellements de tracés, les fruits et légumes peuvent attirer les aplats de couleurs.
Passer de l’objet à sa représentation la explicitement linéaire et colorée, emmène les enfants à porter un regard très différent sur le monde. Nous changeons de point de vue, au lieu de nous attacher à la réalité, nous croisons immédiatement les potentialités de transformations avec ce que le dessin sur le motif nous inviterai à opérer.
Une accumulation de fruits peut ainsi être un déclencheur de dessins rapides, nerveux, gestuels, saccadées, colorés. En changeant de point de vue, les agencements de formes se modifient et évoluent tout au long de la séance.